ART | EXPO

Embedded

24 Mar - 05 Mai 2012
Vernissage le 24 Mar 2012

L’œuvre de John Hodany connaît un développement qui ne doit rien à la fantaisie, mais à la rigueur d’une logique personnelle qui place l’artiste à la jonction entre l’homme de l’art et l’homme de science. En effet, sa pratique suit une méthode associant les moyens de la peinture à un processus d’incrustation informatique («Embedded») de type «copier/coller».

John Hodany
Embedded

Chacune des expositions de John Hodany marque ainsi une étape sous la conduite d’une «théorie critique de l’évolution» dont les principes néo-darwiniens le conduisent à des applications non-euclidiennes. Les sujets déconcertent, les techniques employées sont d’une subtilité quasiment insaisissable. Il crée des images qui s’apparentent parfois au cartoon, au dessin animé, sur de grands supports papiers qui se déroulent comme des écrans, mais qui ne sont pas sans évoquer également l’univers des estampes japonaises, en beaucoup plus grand. Il y a dans cette exposition des œuvres de grande envergure – à tous les sens du mot.

Réalisateur (au sens cinématographique), ou plutôt concepteur d’espaces placés sous le signe de la «4e dimension», il parvient à ralentir le temps jusqu’à atteindre l’immobilité mais, parvenu à ce stade, il se produit alors une forme d’éclatement simultané, qu’on qualifiera de «division fractale», que l’artiste initie avec de la colle, du papier, un peu de couleur et des ciseaux. On sent confusément que cette division pourrait se transmettre, par l’effet de quelque mystérieuse et irréversible transmission en chaîne, jusqu’à enclencher un orage phénoménal en ajoutant ses propres effets sismiques à la dérive des continents. John Hodany a recours à une méthode personnelle associant les moyens de la peinture – avec la sensibilité tactile qui lui est propre – à un processus d’incrustation (embedded) de type «copier coller» informatique où le principe de segmentation à partir de figures sources conduit par soustraction à en recréer de nouvelles à l’identique. Rochers, animaux ou tous autres objets passent ainsi par le stade du «motif».

John Hodany coupe dans la surface peinte et transporte soigneusement ces fragments pour les refixer à de nouveaux emplacements de sorte qu’en disparaissant pour réapparaître au sein de la même composition, les figures donnent l’illusion de s’être déplacées.

Les images de John Hodany charrient des blocs aux arêtes acérées de fin du monde: morceaux de banquise ou rochers volcaniques si l’on veut absolument les identifier, sauf qu’ils apparaissent rien moins que naturels et pourraient tout aussi bien être désignés comme «résidus technologiques». Hodany invente ainsi des paysages dont les seuls habitants sont quelques animaux choisis parmi ceux qui semblent pouvoir mieux résister aux catastrophes: renard, belette, phoque, hyène, forment une étrange ménagerie qui pose comme une évidence l’absence de l’homme ou le signe annonciateur de sa disparition.

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