DANSE | SPECTACLE

Eloge du puissant royaume

11 Avr - 11 Avr 2013
Vernissage le 11 Avr 2013

Éloge du puissant royaume est le fruit de la rencontre d’Heddy Maalem et d’un groupe de danseurs de krump. Né dans les ghettos de Los Angeles, le krump est plus qu’une danse, il est l’expression d’un mode de vie. Le chorégraphe fait apparaître les qualités de ces danseurs et la portée poétique d’une danse ancrée dans la tradition que dans la modernité.

Heddy Maalem
Eloge du puissant royaume

Cette nouvelle création avec des danseurs de Krump est sans doute l’aboutissement de ma longue recherche autour de danses utilisant les énergies hautes, l’état plutôt que la forme, la maîtrise du mouvement organique plutôt que de la pure technicité.

Dans mes précédentes créations, j’ai déjà poussé cette investigation assez loin. Elle m’a peu à peu mené à considérer la chorégraphie moins comme l’exercice d’une pure géométrie des corps que comme l’organisation du vivant et des masses énergétiques que déplacent l’écoute des danseurs, la fusion des corps organiques et sonores, les scansions de l’espace-temps. À l’instar du peintre ou du sculpteur, du cinéaste, chorégraphier est pour moi d’abord l’affirmation d’une liberté, la poursuite déterminée d’une vision propre, le libre jeu de ce que je considère comme participant au mouvement du monde.

Le Krump est assez récent, mais peut être vu comme une pratique très ancienne de ce que l’on appelle la transe. Une transe très contrôlée qui a pour but moins le spectacle proprement dit que l’expression la plus directe et indicible vers laquelle tend chaque créateur.

Le défi sera donc de mettre en forme sans altérer ce qui jaillit de manière si spontanée.
La structure du travail ne devra pas entraver et donc annihiler les énergies premières mais plutôt favoriser leur naissance, les canaliser et produire le sens nécessaire à faire naître la poétique d’ensemble.

Le sens, la parole ne sont pas absents de la danse Krump. Leur présence est même si évidente, si massive et parfois si inattendue que toute la délicatesse consistera à mettre en scène ce qui pourrait apparaître comme insensé.

Les danseurs de Krump n’ont pas ou peu d’expérience dans ce que nous appelons la danse contemporaine. Je n’ai pourtant aucune appréhension concernant leur capacité à percevoir et comprendre ce dans quoi un processus de création les engage.

Ils sont même étonnamment ouverts à cette proposition nouvelle. Il va sans dire que leur «relatif» manque d’expérience peut constituer une contrainte. Pour ma part c’est exactement ce que je recherche non par un amour immodéré de la difficulté mais par refus de repasser dans les mêmes traces et désir de progresser dans l’approfondissement de ma pratique de chorégraphe.

À ma connaissance, il y a eu peu d’expériences de ce genre, le Krump est une danse récente, peu connue en somme et dont la profondeur reste masquée par les clichés véhiculés sur les danses urbaines. Tout l’enjeu sera de faire apparaître les qualités exceptionnelles de ces danseurs et la portée poétique d’une danse liée à la plus grande modernité comme à une manière de danser aussi ancienne que notre humanité.

par Heddy Maalem – septembre 2012
Chorégraphie : Heddy Maalem
Interprétation : Anthony-Claude Ahanda alias Jigsaw aka Twin, Anthony Jean alias Crow Boy Tiger, Vladimir Jean alias Big Trap, Ludovic Manchin-Opheltes alias Kellias Aka Bijuu, Émilie Ouedraogo alias Spencer, Anne-Marie Van alias Nach

Repères biographiques
Né à Batna, au coeur des Aurès, d’un père algérien et d’une mère française, fils de deux terres, Heddy Maalem préfère se dire fils de la Méditerranée, cette mer qui tente de combler la béance entre deux peuples.

Après avoir longuement pratiqué la boxe puis l’aïkido, recherché son propre mouvement, il rencontre la danse qui lui apparaît alors comme une évidence inattendue. Peu à peu, le style se forme, d’un mouvement qui part du ventre ou du sol, pour percuter l’espace ou le partenaire, sans lyrisme mais non sans esthétisme, un style épuré mais physique.

«Pour avoir vécu le déchirement entre les deux pays dont je suis né, j’ai le sentiment d’être un étranger. En danse, je ne peux emprunter à aucune école existante. Il me faut inventer mon langage, une langue non marquée.»

Informations
Heddy Maalem, Eloge du puissant royaume
Le jeudi 11 avril 2013 à 20h30
En partenariat avec la 17e Biennale de danse du Val-de-Marne

Programmation
— 11 avril 2013 Première, Atelier de Paris-Carolyn Carlson
— 17 avril 2013 Théâtre d’Ivry Antoine Vitez
— 10 et 11 mai 2013 Théâtre de Grasse
— 21 mai 2013 L’Estive-Scène Nationale de Foix
— 15 novembre 2013 Théâtre du Briançonnais
— 26 novembre 2013 Le Parvis-Scène Nationale de Tarbes

critique

Eloge du puissant royaume

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