ART | EXPO

Elmar Trenkwalder

09 Oct - 18 Jan 2009
Vernissage le 09 Oct 2008

A la lisière entre rêve et réalité, les oeuvres d’Elmar Trenkwalder évoquent des paysages, des monuments ou des architectures imaginaires, proches d’hallucinations.

Elmar Trenkwalder
Elmar Trenkwalder

En invitant le sculpteur autrichien Elmar Trenkwalder, le Frac Alsace présente une oeuvre polymorphe et exubérante qui tente de matérialiser une relation mystérieuse entre l’esprit humain et le paysage.

Nourrie à la fois d’un imaginaire de la montagne et de la culture et de l’architecture baroques, elle rend visible des territoires aux confins du réel et du rêve. Ses formes empreintes de fantastique et de grotesque peuvent autant, localement, entrer en résonance avec la culture du Rhin, des Vosges et de la Forêt Noire que, plus globalement, être regardées comme une alternative à l’esprit de logique et au pragmatisme ambiant.

Peintre, dessinateur et sculpteur, Elmar Trenkwalder travaille avec une large gamme de matériaux et de techniques traditionnels, faisant en particulier un surprenant usage de la céramique. Il réalise des oeuvres évocatrices de paysages, de monuments ou d’architectures, surgies « d’une activité imaginative très dense, proche d’hallucinations ».

Dans un entretien, Elmar Trenkwalder déclare : « Je me sens comme une sorte “d’aspirateur“ des images et des émotions du monde. Je transforme ces images et ces émotions, comme dans le travail du rêve.

Je peux utiliser le souvenir précis d’un objet ou d’un paysage, mais il m’arrive parfois de peindre ou de construire un paysage qui n’existe pas, que je n’ai jamais vu, mais qui cependant semble très connu. J’essaye de retrouver les chemins de ces images. Ce qui n’est pas simple, car tout se passe comme dans un tunnel. »

« Aujourd’hui, je mène une recherche avec la matière, je m’intéresse à ses transformations » : non seulement le travail d’Elmar Trenkwalder ne procède pas d’une représentation de la nature ou de sa perception, mais encore moins d’une illustration de l’inconscient et d’interprétations d’ordre psychanalytique.

La transformation est signe de désir, et elle trouve ici deux champs d’expression caractéristiques : le goût pour l’ornement et le rapport au corps. Sans relever d’aucun souci réaliste ni geste d’assemblage ou d’hybridation des genres, ils se synthétisent dans l’ensemble de l’oeuvre par une foisonnante profusion de détails interpénétrés les uns dans les autres, qui brouillent à première vue le regard.

La conception de la forme prévaut, les techniques du dessin et du modelage traduisent la même préoccupation pour une mutation dynamique et incessante. Les pièces les plus récentes font état d’une plus grande imprécision du dessin comme d’une fusion des formes et des échelles.

Ainsi, toutes les sculptures, qu’elles soient monumentales ou de petites dimensions, s’équivalent, l’équilibre possible entre intérieur et extérieur devenant motif d’abstraction. Quant aux paysages, anthropomorphes, ils regorgent de passages complexes où s’interpénètrent, avec une forte charge érotique, formes de la nature et du corps.

Elmar Trenkwalder déclare encore : « Ce qui compte pour moi, c’est de vivre avec mes visions, mais aussi avec mon temps. Pour moi l’ornement n’est évidemment pas simplement formel. L’ornement est la forme même de la vie. C’est une expérience. Le corps et l’espace, ces deux domaines sont le plus souvent séparés. Je tente de trouver un passage entre ces deux réalités, en ouvrant la représentation du corps sur celle de l’espace extérieur, le paysage par exemple… »

Ainsi, Elmar Trenkwalder élabore des sculptures architectoniques qui ne sont pas de l’architecture, comme ses peintures chargées d’éléments symboliques ne constituent pas de système symboliste. Symbolique sexuelle, métaphore et allégories sont indéfectiblement liées à l’architecture. Les personnages se muent en éléments architecturaux et vice-versa, les éléments décoratifs deviennent des figures érotiques et sexuelles, les deux sexes coexistent au sein d’une même forme.

Chaque détail est un univers organique soumis à d’incessantes métamorphoses. Les éléments pris séparément sont clairement identifiables mais leur somme, leur synthèse, échappe à toute classification : « Je considère que les éléments divers que l’on trouve dans mes peintures et mes sculptures sont parties d’un monde intérieur, personnel. »

L’oeuvre d’Elmar Trenkwalder est nourrie d’influences nombreuses et diverses. On y retrouve la trace d’artistes symbolistes comme Alfred Kubin, Gustave Moreau et Arnold Schönberg, d’une peintre moderniste comme Georgia O’Keefe, ou encore d’artiste de l’art brut.

La pulsion ornementale renvoie autant au style baroque, dont les volutes ont envahi l’Europe du sud au nord à partir du XVIe siècle, qu’aux arts gothique, indien ou asiatique, qui ont su étroitement inscrire la décoration à l’architecture, l’ornement dans la forme. Elmar Trenkwalder appartient à la famille du Facteur Cheval ou d’Antoni Gaudi.

Enfin, la puissance de sa sculpture n’est pas sans évoquer Auguste Rodin. Par une mise en question permanente et dynamique de la forme, entre mesure et démesure, il interroge ainsi le lien entre l’inerte et le vivant, mais aussi les notions artistiques de style, de décoration et d’ordre et, par voie de conséquence, les rapports entre art et politique, image et pouvoir.

Evénements
Rencontre/débat avec Deimantas Narkevicius autour de la projection de son film « Once in the XX Century », 2004 (Collection Frac Alsace)
Auditorium du Mamcs le 3 décembre 2008 (horaire à préciser)

Expomobile « Portraits de Famille »
Maison des Arts de Lingolsheim, du 3 octobre au 1er février 2009
Dans le cadre du Festival Enfant-Phare (3-19 octobre 2008)

Expomobile « Portraits de Famille »
Lac, Sainte-Marie-aux-Mines, du 24 octobre au 11 décembre 2008
Dans le cadre de l’exposition inaugurale du Lac (Lieu d’Art et de Culture) du collège et lycée polyvalent Louise Weiss.

Découvrez tous les projets du Frac Alsace sur le site www.culture-alsace.org

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