PHOTO | CRITIQUE

Ellen Kooi

04 Avr - 13 Mai 2006
PAstrid Desmousseaux
@12 Jan 2008

Les photographies digitales panoramiques d’Ellen Kooi composent un monde étrange, entre onirisme et réalité, au sein d’espaces infinis. Les œuvres font écho à la grande tradition des peintres paysagistes du nord, autant qu’à Brueghel l’Ancien.

Au cœur des vues panoramiques de paysages hollandais sont disposés des personnages dans des positions singulières, parfois même étranges. Ces compositions évoquent des mises en scènes de théâtre, milieu dans lequel Ellen Kooi a débuté son activité photographique.

Combinées à la luminosité sombre des pays du nord, les couleurs retravaillées dans des gammes chromatiques exagérées — oscillant entre des tons froids, chauds et fluos — renforcent l’atmosphère surréelle des images.

En outre, Ellen Kooi n’utilise pas d’appareil panoramique mais réalise des prises de vues successives qu’elle relie ensuite en une seule image. Cette pratique conduit à biaiser insidieusement la perspective, et permet de rapprocher des univers hétérogènes, ce qui contribue à l’étrangeté des scènes, à leur inquiétante familiarité.

Dans les vues en contre-plongée, on a l’impression de s’immiscer dans la scène et de surprendre des situations absurdes, voire burlesques. Une femme agenouillée et courbée au bord d’une route parle à travers une grille d’égout. Un petit garçon accroupi, un crapaud entre ses mains, nous fixe du regard, pendant que des personnages, dont on ne perçoit que les jambes en file indienne, attendent on ne sait quoi.

De nombreux éléments, et la présence récurrente d’enfants angéliques, renvoient à l’univers des contes merveilleux comme ceux de Grimm ou de Perrault. Curieusement, les enfants se côtoient, mais s’ignorent toujours, comme si leur monde supposé de l’innocence était déjà frappé par la solitude humaine.
Leur solitude est d’ailleurs redoublée par l’immensité de la nature qui les entoure. Dans ces espaces infinis, les coloris et mises en situation baroques participent à la complexité des émotions. Entre onirisme et réalité, l’univers de Ellen Kooi fait écho aux atmosphères des paysages psychologiques de Brueghel l’Ancien.

L’attention portée à la précision des détails, les compositions et le travail de la lumière évoquent également la grande tradition des peintres paysagistes flamands ou hollandais. Une rencontre s’opère là entre la tradition picturale nordique et les pratiques contemporaines adossées à la photographie numérique.

English translation : Margot Ross
Traducciòn española : Maite Diaz Gonzalez

Ellen Kooi
— Noordoostpolder – ramanas, 2003. Tirage Enduraprint, plexiglass, reynobond. 90 x 180 cm.
— Alphen a.d. Rijn – pad, 2003. Tirage Enduraprint, plexiglass, reynobond. 65 x 163 cm / 85 x 213 cm.
— Abbekerk – tweeling, (klei), 2005. Tirage Enduraprint, plexiglass, reynobond. 100 x 173 cm.
— Ferrières – bos, 2003. Tirage Enduraprint, plexiglass, reynobond. 100 x 178 cm.
— Amsterdam – vensterbank, 2005. Tirage Enduraprint, plexiglass, reynobond. 65 x 160 cm / 80 x 210 cm.
— Hazerswoude. Tsjechov, 2005. Tirage Enduraprint, plexiglass, reynobond, 65 x 134 cm / 85 x 175 cm.

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