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Effacements,1991-2008

03 Fév - 07 Mar 2010
Vernissage le 03 Fév 2010

Yousouf Wachill s’intéresse à l’aura des visages, à leur émanation qui continue de flotter dans l’espace comme le sourire du chat de Cheshire. Mais il ne s’agit pas de psychologie, il s’agit de formes qui, pour être impalpables, n’en occupent pas moins l’espace.

Yousouf Wachill
Effacements,1991-2008

L’espace qui nous entoure est traversé d’images portées dans la lumière. Nos photographies en interceptent quelques-unes, les fixent en l’instant, les offrent à nos regards prolongés. Le photographe se meut, par le regard et tout son corps dans l’espace qui s’étend entre la surface sensible et l’objet qu’il veut saisir visuellement.

Cet espace est celui de sa liberté: entre la réalité qui se donne telle qu’elle et l’appareil qui enregistre, le photographe décide de la distance, de l’angle, de la direction de la lumière. Mais cette tranche d’espace intermédiaire, où erre sa liberté, le photographe la sait parcourue, habitée d’images potentielles, qui là s’avancent, là reculent, se gonflent ou s’évanouissent. Yousouf Wachill veut montrer ce grouillement, faire apparaître ce foisonnement d’habitude oublié. L’objet photographié, net et fixe, n’est plus qu’un point d’ancrage d’où jaillit la vie majestueuse ou frénétique des formes qui sans cesse et partout, depuis le fond du ciel, sillonnent l’espace.

Les visages viennent à notre rencontre, ils débordent les strictes limites de leur volume. Ils expriment cette sensation de la présence rayonnante de quelqu’un qui est là. Il est bien connu que les bons portraitistes ne sont pas en général de bons physionomistes, ils ne savent pas reconnaître les gens. C’est parce qu’ils ont pris l’habitude de scruter les structures des masses pour elles-mêmes, alors que nous reconnaissons les gens par les expressions fugaces qui courent sur leur visage.

Wachill a retourné cette situation de l’artiste, il s’intéresse à l’aura des visages, à leur émanation qui continue de flotter dans l’espace comme le sourire du chat de Cheshire. Mais il ne s’agit pas de psychologie, il s’agit de formes qui, pour être impalpables, n’en occupent pas moins l’espace. Pensons à ces nuages, blancs ou noirs, qui dérivent légers mais contiennent des tonnes d’eau et la charge des éclairs. Ils se mêlent, se séparent et, parfois dessinent d’inquiétants visages dans le ciel.

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