ART | EXPO

Ecoute dans le vent, les buissons en sanglots

06 Fév - 14 Mar 2015
Vernissage le 05 Fév 2015

A partir d’images trouvées dans divers médias, Angélique Lecaille déploie sur de très grands formats les volutes affolées de ses ciels tourmentés, de forêts en flamme ou de cimes avant le déferlement de l’avalanche. L’absence de toute figure humaine et la force intrinsèque des phénomènes qu’elle convoque suscitent effroi et fascination chez le visiteur.

Angélique Lecaille
Ecoute dans le vent, les buissons en sanglots

Tirée d’un conte africain, «Ecoute dans le vent les buissons en sanglots», phrase-titre choisie par Angélique Lecaille pour son exposition personnelle à la galerie nous convie aux sources de son travail.

La série de dessins Monument Land, étude, s’inspire d’un ensemble d’estampes sur bois du XVIIe siècle de Lorenz Stoër. Des volumes géométriques, incarnations des forces telluriques à l’œuvre à l’échelle du paysage, surgissent de panoramas atemporels nimbés de mysticisme. On retrouve ces formes dans l’espace de la galerie avec Geometric Landscape, une sculpture combinant deux poutres massives de bois brûlé posées au sol face aux dessins.

Cette fascination pour ce qui nous dépasse s’incarne dans la collection de curiosités géologiques de l’artiste dont certaines pièces sont intégrées et mises en scène dans l’exposition. La dimension très réduite de ces pierres semble nier cet infiniment grand qu’elles incarnent, comme si nous devions nous approprier ces phénomènes naturels en les réduisant à notre échelle physique et temporelle. Mais Angélique Lecaille nous en fournit une allégorie et réaffirme leur puissance symbolique avec ses Tectites, formes oblongues noires, d’une matité poudrée, qui semblent sourdre du mur de la galerie.

Lorsqu’elle utilise le feu pour concevoir et façonner ses pièces en bois brûlé, l’artiste met à l’œuvre et se confronte aux éléments naturels. Le Cercle Arsin, figure d’entrée de l’exposition, exposée dans un environnement sombre évoque un autre évènement cosmique, l’éclipse. Cette pièce dense, obscure révèle les cicatrices laissées par la brûlure du feu, créant une surface rugueuse et minérale.
On retrouve ces références célestes avec le Campo del Cielo, titre des deux grands dessins à la mine de plomb et nom d’une météorite tombée en Argentine sur la plaine du Gran Chaco. Les tribus précolombiennes vénéraient ce lieu et y pratiquaient un culte solaire, considérant ces fragments extraterrestres comme des fragments du soleil envoyés par le Dieu solaire.

L’absence de toute figure humaine dans les dessins d’Angélique Lecaille, la force intrinsèque des phénomènes qu’elle convoque, leur caractère fortuit et immuable suscitent effroi et fascination, fondements du sublime romantique dont l’artiste se revendique.

«Le sublime, écrit Alain Corbin, c’est l’effroi, voire l’horreur, suscitées par l’irruption brutale d’un grand événement cosmique qui produit une vibration de l’être confronté à la force incommensurable de la nature, laquelle lui fait éprouver sa petitesse». (Florence Jaillet)

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