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Eclairage en groupe.

PLéa Bismuth
@12 Jan 2008

Cette nouvelle exposition de Jean-Michel Alberola à la galerie Templon est construite comme un tout: les œuvres s’interpellent et discutent de la question du groupe et de celle du pouvoir.

Dominée par des œuvres au néon, l’artiste interroge la valeur du slogan, du concept, du mot d’ordre à l’origine non seulement de l’œuvre, mais aussi de la révolution. Le premier néon qui interpelle le visiteur est «Rien»: ce néon reproduit d’une écriture manuscrite aux lettres enchevêtrées le mot rien, en lettres rouges et lumineuses.
Pourquoi ce rien ? Cette entrée en matière résonne comme un défi, comme si rien n’était possible pour changer le monde et produire enfin quelque chose… Ce «rien» fait face à un autre néon intitulé «Un groupe», un groupe à la forme abstraite, continue et biscornue, évoquant peut-être l’idée que le groupe n’est que la revendication de l’Un, de la multitude en un seul.

Progressivement, on commence à comprendre où Jean-Michel Alberola veut en venir: «1968» apparaît en lettres rouges, aux côtés d’un dessin intitulé de manière énigmatique «La vision de Depardon en 1968 à Paris».
L’artiste cherche créer un discours, à comprendre une situation nouvelle pour l’art depuis 1968 et ses bouleversements. Si 1968 est bien une «bouffée de réel à l’état pur», comme le dit Gilles Deleuze, Jean-Michel Alberola formule un discours ambigu, alliant à la fois croyance dans le changement et désillusion.
En effet, d’un côté on peut lire «la question du pouvoir est la seule réponse» écrit en néon bleu — induisant l’idée que le pouvoir est à prendre —, et de l’autre, le mot «luxe» dans la même couleur.

De toute évidence, Jean-Michel Alberola pose une question marxiste: comment éclairer le monde ? Comment créer le contact lumineux qui permettra au groupe de s’éclairer en un seul flux lumineux ? Comment la pensée parviendra-t-elle à faire du pouvoir son seul enjeu et à faire de la société de consommation sa seule proie ?
Jean-Michel Alberola ne répond pas aux questions qu’il pose, mais il a le mérite de formuler un malaise, celui de savoir quelle révolution est encore possible aujourd’hui. Jean-Michel Alberola utilise les armes formelles qu’il a à sa disposition: s’inspirant du dadaïsme et du lettrisme, le mot devient coup de pinceau; s’inspirant du situationnisme, la «société du spectacle» est ce contre quoi il faut lutter.

Jean-Michel Alberola
— Un groupe, 2000. Néon, 50 x 25 cm.
— Eclairage en groupe, 2007. Mur peint, dimensions variables
— La question du pouvoir est la seule réponse, 2006. Néon, 50 x 160 cm.
— Instructions pour une prise d’air, 1996-2007. Huile sur toile, 73 x 60 cm.
— Ce qu’il nous manque à chacun, 2007. Néon, 3 x 25 cm.

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