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Echines

Échines explore le dos humain au travers des photographies en noir et blanc de Nikita, accompagnées de textes ou montages poétiques par Laurent Dubois, dans un ouvrage joliment édité où les noirs, les blancs et les transparents se disputent la vedette.

Information

Présentation
Nikita, Laurent Dubois
Echines

Ce projet concrétise une tension née de la confrontation de deux approches artistiques apparemment contradictoires mais qui se révèlent convergentes pour exprimer l’ambivalence du dos humain.

Si la photographe Nikita explore un désir de réification, considérant le dos désincarné comme un précieux objet de collection, une aventure graphique que chacun s’approprie, l’auteur Laurent Dubois restitue ce qui l’anime, l’humanité au-dedans, en traduisant le langage intime de ses expressions singulières.

Ainsi la forme du fond et le fond de la forme se conjuguent pour dire l’histoire troublante du verso de l’être, ce revers inconnu de soi mais reconnu par l’autre comme porteur d’identité.

«Les humains ignorent
À quel point
Leur dos nu s’accorde aux folies meurtrières.

Comment supporter l’abandon d’une épaule endormie,
sans l’affliger de sa propre blessure?

Comment la toucher
Quand la main, désemparée par la pulsion du sacrilège,
Hésite au seuil de l’effleurement? »
Laurent Dubois, Extrait

«Nikita, selon son “caprice”, fait de ces dos des motifs étrangements muets. On veut dire que ces corps recroquevillés nous entretiennent silencieusement de leurs secrets, c’est à dire de cette part de nous mêmes que nous refuserions de dévoiler à autrui. Mais paradoxalement, refuser de communiquer, c’est encore communiquer.

Ces dos, non pas exhibés, mais exposés tels les objets alignés d’un cabinet de curiosités, sont les objets les plus insolites qui soient. Il reste que l’humour –noir– n’est pas absent de ces clichés lorsqu’ici et là, jambes, bras et mains (voyez les doigts) se présentent tels des greffons inattendus.

En contrepartie de ces images, les textes de Laurent Dubois réhumanisent, avec bonheur, les dos réifiés.

Coupées de tout, ces obscures camisoles de chair témoignent superbement mais sans concession aucune, de l’humaine condition.

Nikita atteint au symbolique tout en étant de plain-pied avec son temps.»
Pierre Fresnault-Deruelle, Extrait de l’introduction