ART | EXPO

Du bout des doigts

16 Mai - 15 Juin 2013
Vernissage le 16 Mai 2013

Les œuvres d’Eudes Menichetti dessinent des visions, des angoisses, témoignant d’une obsession de l’intérieur du corps à laquelle elles donnent une forme visible. Il ne s’agit ni de fantastique, ni de fantaisie, ni non plus d’un symbolisme, mais de la formation d’une mythologie personnelle, créant un univers cruel et singulier.

Eudes Menichetti
Du bout des doigts

«Chaque fois que j’ai vu ses encres, ses aquarelles et ses tableaux métalliques, c’est ceci que j’ai perçu: ce sentiment déconcertant de familiarité. Il m’est arrivé de reconnaître comme miennes ou proches des miennes ces visions, ces angoisses, cette obsession de l’intérieur du corps auxquelles il sait donner une forme visible.

On dirait que Eudes Menichetti dessine — la formule est évidemment abusive — à ma place, celle d’un homme qui ne sait pas dessiner et qui ne croit pas, malgré Breton, qu’il soit possible de «calquer» une vision nocturne de façon automatique.

Voyez les Cordes et Migration, ce dernier dessin suggérant une confusion presque complète de l’organique, du végétal et du géologique. Voyez encore Utérus. Celui qui a eu l’idée d’intituler de la sorte une série de quatre figures — si l’on peut dire — masculines, deux vêtus d’uniformes militaires, les deux autres de blouses blanches de bouchers ou de chirurgiens, celui-ci ne peut qu’avoir une conscience très aiguë de ce que l’on doit nommer régression.

Il ne s’agit ni de fantastique, ni de fantaisie, ni non plus d’un symbolisme, même s’il arrive à Eudes Menichetti de faire apparaître des crânes et des squelettes — mais de la formation d’une mythologie personnelle, dont sans doute certains éléments ne sont compréhensibles que pour lui, mais qui a cette capacité de saisissement que je signalai à l’instant. L’ironie me semble ici la politesse de l’angoisse. Ce n’est pas parce que presque tout est cruel qu’il faut tout prendre au tragique.

Une dernière observation: Eudes Menichetti écrit dans ses œuvres, soit les lettres divisées d’un rébus vite déchiffré, soit des récits et citations. Associer ainsi le mot et la chose, le geste et la parole, c’est, contre les spécialisations et catégories — et donc contre les interdits qui en sont les conséquences directes — la manière la plus nette de signifier qu’il y a là un individu entier, un être singulier, qui se manifeste à sa guise, comme il l’entend, sans souci des modes. Dans une époque aussi lourde que la nôtre, cette liberté est réjouissante.»

Philippe Dagen

Vernissage
Jeudi 16 mai 2013 à 18h

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