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Drawings

PLéa Bismuth
@12 Jan 2008

Les dessins de Tony Cragg sont dessins de sculpteurs qui défigurent la ressemblance avec l’aisance que seul peut avoir un sculpteur, moins attaché à la vérité du trait qu’à ce qui se cache derrière.

Il est toujours passionnant de découvrir les dessins de sculpteurs. Le trait est doté d’une force particulière, lourde et frénétique. C’est cette richesse que propose Tony Cragg en exposant ses dessins.

Les dessins sont tourmentés, pris d’une folie serpentine, d’une folie du trait qui ne cesse de s’incarner sur la page blanche. L’artiste tente de remplir cette page jusqu’à l’épuisement en l’investissant d’un trait souvent brutal, ou plutôt devrait-on dire brut, tant ces dessins font penser à certaines productions d’art brut alliant écriture et dessin avec la volonté forcenée de couvrir l’espace, de l’anéantir, comme si l’esprit ne pourrait se libérer qu’une fois la page noircie.

Tony Cragg entre au plus profond du frémissement de la ligne d’un visage qu’il démultiplie et ressasse avec obstination en énervant le trait et le papier, en ne lâchant pas prise avant d’être satisfait.
L’artiste se lance aussi dans une série où l’écriture graphique occupe la première place. Cette écriture hystérique et torsadée est une des voies possibles de l’omniprésence du trait et de la brutalité de la ligne.
Tony Cragg travaille également le corps humain dans un système de spirales qui fait beaucoup penser aux dessins de Jean Fautrier où le corps danse et ne prend consistance qu’à travers un amas de lignes. On pourrait croire ces courbes approximatives, mais elles sont bel et bien vivantes et mouvantes. Le corps chancelle et la ligne vibre.

Tony Cragg balafre la page et défigure la ressemblance avec l’aisance que seul un sculpteur peut avoir, puisqu’il ne cherche pas la vérité du trait, mais ce qui se cache derrière : la ligne cache la densité de la forme et la frénésie du vivant, ce dont la sculpture prend acte. Impossible d’évoquer le dessin d’un sculpteur sans penser à l’œuvre dessinée d’Alberto Giacometti qui entra au plus profond de l’intensité graphique, dans une quête infinie de l’être des choses. 

Tony Cragg
— not titled yet, 2007. Crayon sur papier. 45 x 46,3 cm.
— not titled yet, 2007. Crayon sur papier. 36,3 x 49,5 cm.
— Ever After, 2006. Bronze, Patine de chocolat noir. 324 x 125 x 115 cm.
— Untitled (White Relatives), 2006. Marbre blanc. 100 x 70 x 70 cm.
— Structured Early Form, 2006. Patine de noisette. 80 x 85 x 80 cm.
— I’m Alive, Vue d’installation aux Jardins des Tuileries, Paris, Octobre 2006. Acier inoxydable. 250 x 390 x 360 cm. 

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