ART | EXPO

Dorian

02 Sep - 03 Oct 2015
Vernissage le 01 Sep 2015

Chez Hugo Schüwer Boss, le tableau est appréhendé comme un «lieu d’apparition potentiel de l’image» résultant d’une suite plus ou moins ordonnée de manipulations, de réactions chimiques. Ses peintures peuvent faire penser à des photographies polaroïd à la surface desquelles l’image n’est pas encore apparue ou en passe de disparaître.

Hugo Schüwer Boss
Dorian

Cette exposition a été pensée comme un tout, dans une sorte de jeu de miroir. «Dorian» est davantage un intitulé donné à un temps de travail que le titre d’une série à part entière. Les tableaux ont été réalisés à partir de l’automne 2014 jusqu’au printemps 2015. «Dorian» renvoie bien sûr au roman d’Oscar Wilde mais aussi aux Doriens et par extension à l’ordre dorique dont la particularité est le dépouillement et la robustesse.

Les formats sont assez grands. Leurs compositions, leurs factures peuvent faire penser à des photographies polaroïd à la surface desquelles l’image n’est pas encore apparue ou à des portraits dont les personnages auraient disparu. L’abstraction n’est pas ici envisagée comme un monde sans images, plutôt comme un moment avant ou après leur apparition.

Dans cet ensemble, et dans le travail de l’artiste en général, le bord du tableau a une certaine importance. Dans la peinture Sybille par exemple, la ligne jaune peinte à main levée désigne une sorte de limite de l’image comme une mise en abîme du cadre. Une hiérarchie existe entre le tableau comme objet et la surface peinte, sur laquelle une image latente pourrait apparaître.

Le tableau est appréhendé «comme lieu d’apparition potentiel de l’image». La série Polaroïd réalisée à partir de 2006 contenait déjà cette notion mais d’une manière plus littérale. Chez Hugo Schüwer Boss, la peinture se produit toujours de cette manière: quelque chose semble se dessiner dans une suite plus ou moins ordonnée de manipulations, de réactions chimiques.

Ces deux ou trois dernières années, le travail d’Hugo Schüwer Boss s’est émancipé des questions d’emprunt au réel, du moins en ce qui concerne la composition. Comme si l’artiste avait effectué une boucle, un retour sur lui-même: retour à ses toutes premières peintures, à des événements plus lents, plus processuels. Les questions qui caractérisaient ce travail — manipulation de signes, des référents artistiques — se sont comme estompées.

«L’idée que tous les moyens sont bons pour faire une peinture me plaît, indique Hugo Schüwer Boss dans un entretien avec Timothée Chaillou: cela ramène les choses à ce qu’elles sont. Les tableaux restent des tableaux quelles que soient leurs sources, leurs ambitions. Ce qui me paraît important est que les protocoles, les méthodes, tout comme les formes et les médiums de l’art, sont des véhicules qui nous servent à parler d’autres choses.» (Archistorm n° 50, septembre/octobre 2011).

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