ART | CRITIQUE

Don Brown

Vernissage le 12 Jan 2008
PEmmanuel Posnic
@22 Jan 2008

Le sculpteur Don Brown fait de sa femme Yoko son unique modèle, sa muse, mais pour mieux placer son travail dans un questionnement autrement plus vaste. Celui de la représentation. Et pour brouiller les pistes de la sculpture.

La sculpture de Don Brown ne conduit que vers une seule voie, sans artifices et sans ambages. Cette voie, c’est Yoko sa femme, l’unique modèle de l’artiste, sa muse, son égérie, son objet de désir. Mais une fois évacuée la question du sujet, Don Brown plonge son travail dans un questionnement autrement plus vaste. Celui de la représentation.

Pour l’exposition chez Almine Rech, Brown expose ses «Yoko» sur les deux niveaux, les accompagnant simplement de deux autres sculptures. L’une au rez-de-chaussée, une forme organique indéterminée qui tire vers l’abstraction. La deuxième à l’étage, deux naïades nues et sensiblement jumelles qui se reflètent dans le miroir de la pièce, créant ainsi une judicieuse démultiplication de la scène.

L’essentiel se concentre sur les cinq sculptures de Yoko. Don Brown la représente dans diverses positions, dans un déhanché étudié, les genoux en saillis, les épaules droites et les mains gracieuses.
Yoko est habillée d’une simple culotte, d’un juste au corps fiché au-dessus du nombril ou bien d’une salopette trop ample lui cintrant les hanches. Les poses sont très étudiées, Yoko singe une espèce de Lolita sur platform boots, sensuelle et boudeuse, sûre de son pouvoir d’attraction et consciente de son extraordinaire photogénie.
Don Brown s’amuse des attitudes de son modèle, de cette moue perfide et permanente. Il pousse la malice jusqu’à la recouvrir d’un voile de la tête au pied, comme l’on couvrirait la cage d’un perroquet pour le faire taire.

A bien y regarder, Don Brown brouille les pistes de la sculpture. Bien qu’attachés à une vérité de la représentation, ses objets s’éloignent de la réalité en refusant d’entrer dans un rapport mimétique d’échelle et de coloris.
Ses plâtres blancs ou noirs ont la délicatesse de la peau mais n’en ont pas la saveur. De la même manière, si l’artiste fait de ses sculptures un instantané suspendu dans le temps, chacune de ses oeuvres forme au contraire le résultat d’un travail patient et minutieux.

Yoko est donc un ovni dans le champ de la sculpture et l’occasion pour Don Brown de braver tous les attendus du genre. Depuis la fixation de l’instant, le mimétisme forcené des modèles et, bien entendu, jusqu’au sempiternel mythe de la muse…

Don Brown
— Yoko XVI, 2006. Bronze. Sculpture :118 x 32 x 27 cm, Plinth: 65 x 34 x 34 cm
— Yoko XX, 2007. Acrylic composite, gesso, wood. Sculpture: 137 x 45 x 30 cm, Plinth: 50 x 40 x 30 cm
— Yoko XVIII, 2006. Acrylic composite, gesso. Sculpture: 135 x 34 x 25 cm, Plinth: 56 x 25 x 25 cm
— Plum, 2008. Acrylic composite, gesso, steel, wood. Sculpture: 68 x 23 x 23 cm, plinth: 104 x 20 x 21 cm

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