DANSE | SPECTACLE

The Great Tamer

27 Fév - 28 Fév 2019

Avec The Great Tamer, le chorégraphe Dimitris Papaioannou livre une vaste pièce pour dix danseurs. Une épopée contemporaine mobilisant beauté et fascination, comme l'aventure humaine. Pièce picturale, les évocations de chefs-d’œuvre s'y succèdent, distillant une atmosphère étrange et familière.

À moins de vivre sur une autre planète, comment ignorer que 2019 marque le cinquantenaire du premier pas sur la Lune (20 juillet 1969) ? Soit l’occasion rêvée de voir ou revoir The Great Tamer (2017), du chorégraphe Dimitris Papaioannou. Magie des images et de la danse, avec The Great Tamer [Le grand dompteur], Dimitris Papaioannou livre une plongée dans l’histoire de l’humanité — ses connaissances, ses étonnements, son insatiable curiosité. Sur un plateau bosselé, constitué de dizaine de fines plaques mouvantes, dix danseurs évoluent lentement. Terrain lunaire fécond, ils y déploient la beauté de quelques chefs-d’œuvre du patrimoine humain. De La Leçon d’anatomie du docteur Tulp (1632) de Rembrandt à 2001, l’Odyssée de l’espace (1968) de Stanley Kubrick. Avec sa chorégraphie lunaire, sur les notes magistrales du Beau Danube bleu (1866) de Johann Strauss II. Pièce hypnotique et résolument contemporaine, The Great Tamer joue ainsi avec la pesanteur et le temps.

The Great Tamer de Dimitris Papaioannou : entre danse, peinture, magie et cirque

Défiant les lois de la physique, The Great Tamer passe par le surréalisme pour donner chair aux rêves les plus fous. Corps flottants et lents, comme délivrés de la pesanteur terrestre… Êtres qui se décomposent, de chair à squelette, de squelette à poussière, pour mieux reprendre une autre chair, un autre souffle… Morphologies hybrides, telles que rendues à la vie par quelque professeur Frankenstein… Avec The Great Tamer Dimitris Papaioannou déploie une fascinante épopée dans la démesure des cultures humaines. Danse, magie, acrobatie : la virtuosité des interprètes engendre alors une sorte de voyage immobile sur une scène en mouvement. Un collage sans coutures apparentes, pour une succession de tableaux de maîtres. Mettant en scène une nudité (masculine, féminine) sans vulgarité, The Great Tamer restitue quelque chose du paradoxe humain. Celui d’une créature frêle, dépourvue de griffes, crocs et fourrure, mais pourtant dotée d’un imaginaire collectif à la puissance quasi-illimitée.

La belle et fascinante absurdité de l’aventure humaine : une curieuse chorégraphie

Pièce qui ne cesse de parcourir le monde depuis sa création en 2017, The Great Tamer enchante par sa fluidité. Une poétique douce-amère à la lisière du cirque et des arts plastiques, comme une histoire sans parole. Pierre taillée à mille facettes, chacun y verra ainsi étinceler ses propres rêves, espoirs et fascinations. De deus à homo ex machina, The Great Tamer ne cesse de défier ses interprètes. Avec un sol qui gonfle, se rétracte, avale, frissonne. Une Terre vivante qui compose avec son habitant humain ; lequel gratte, creuse, explore et prend appui pour mieux s’envoler. Pièce tramée de références, Dimitris Papaioannou y distille tout un  bestiaire émotionnel. Entre désenchantement absurde, à la Samuel Beckett, et effarante beauté, à la Sandro Boticelli. Pour une pièce ambivalente, comme la curiosité. Cet indispensable vilain défaut sans lequel, pourtant, la connaissance ne pourrait dépasser le stade de la tautologie.

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