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Dimensions

10 Oct - 03 Nov 2007

Pour sa première exposition à Paris, la photographe japonaise Mineko Orisaku a choisi de montrer des fleurs.

Communiqué de presse
Mineko Orisaku
Dimensions

Apparemment indifférente au risque que pouvait présenter pour une artiste inconnue ici le parti pris d’un motif évoquant d’une part un grand classicisme (Andy Warhol n’avait-il pas expliqué à l’époque que montrer ses Flowers à Paris s’imposait, pour un public encore tout imprégné des impressionnistes ?) et représentant toujours, d’autre part, le sujet de prédilection du photographe amateur, Mineko Orisaku savait exactement ce qu’elle voulait faire passer dans cette exposition. Et elle a parfaitement réussi son pari avec un ensemble de photographies à la fois somptueuses et discrètes qui, en nous offrant plusieurs lectures, nous renvoie avec plaisir, au-delà de la frontière très fréquentée entre la peinture et la photographie, sur la voie de la simple magie de l’image en nous rappelant sa puissance d’évocation.

Chaque photographie de la série Dimensions est pour ainsi dire un portrait individuel. Une seule fleur y est représentée (même si, à l’occasion, la prise de vue en surplomb donne à voir un bouquet de corolles, que l’on imagine toutefois écloses de la même tige). Chaque portrait de fleur est ciselé, travaillé avec une minutie de dentellière. Les contours, les plis, les courbes de la plante sont à la fois légers et précis tandis que les nuances de couleurs, parfois vives, sont diverses et subtilement maîtrisées. La tige, lorsqu’elle existe, a un rôle quasi injonctif, arrimant parfois la fleur à la surface ou bien, au contraire, accentuant son flottement dans le monochrome, mais nous enjoignant toujours, quoi qu’il en soit, d’y aller voir de plus près. L’équilibre dynamique entre les lignes nettes des motifs et les déclinaisons de couleurs nous ramènent tout naturellement à la tradition japonaise de l’Ikebana, art séculaire de l’arrangement floral qui, à l’encontre du bouquet occidental davantage centré sur les fleurs elles-mêmes, vise une symbolique vitale en créant une harmonie rythmique entre la construction linéaire et la couleur.

Mineko Orisaku est une artiste issue de la culture forte de son pays et il ne fait pas de doute que l’importance de l’art floral a joué un rôle dans ses choix. Néanmoins, ce n’est pas son inscription dans une tradition classique encore vivace à tous les niveaux de la population japonaise qui doit nous intéresser au premier chef dans cette série à la fois emprunte d’une délicatesse émouvante et suggestive d’une palpitation inattendue. C’est davantage la maestria avec laquelle elle manipule ses images délibérément empruntées à un registre à la fois classique et populaire.

Tout en puisant sa source dans une iconographie traditionnelle, sa pratique est résolument contemporaine. Ses images sont effectivement très sophistiquées derrière leur apparence univoque à première vue. Il y a ce paradoxe d’une photographie avec effets de matière : velouté des pétales, sensation poudrée du pollen et des pistils, rugosité ou acidité des feuilles…on glisse subrepticement de l’univers visuel photographique à celui du pastel ou de l’aquarelle. Très picturales, ces fleurs restent néanmoins des images mentales. Très dessinées, très précises dans la représentation de leurs différents constituants, elles ne suscitent pourtant aucun intérêt d’ordre exclusivement botanique. Elles n’imposent pas d’identité scientifique tant elles sont là d’abord pour suggérer un mouvement, un souffle, un « soupir », pour citer l’artiste. Immergées dans un blanc dont l’effet ouaté, quasi ‘céleste’, tient au choix d’un support papier épais et poreux, ou bien à l’inverse émergeant de ce blanc, elles sont autant d’apparitions

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