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Diary of a Resurrectionnist

PCaroline Pillet
@12 Jan 2008

Dans le très déroutant «Journal d’un Résurrectionniste», Dario Robleto travaille à capturer quelque chose de la mémoire en mélangeant le passé, par la forme de la sculpture, et le présent, par les matériaux utilisés et les résonances qu’ils suscitent.

«Diary of a Resurrectionnist», l’exposition de Dario Robleto à la galerie Praz-Delavallade, évoque, comme le titre l’indique, le très déroutant «Journal d’un Résurrectionniste», c’est-à-dire de quelqu’un qui ressuscite le passé pour en faire une chose présente. Les titres des œuvres, autant que les œuvres elles-mêmes, sont de petites histoires, des phrases énigmatiques, parfois presque absurdes tant le lien avec l’œuvre est parfois difficile à établir. My Soul is Rarely With me Anymore (Désormais mon âme est rarement avec moi), A Ghost Nurse Still Needs to Care (Le fantôme d’une infirmière a toujours besoin de se soigner), ou encore An Atheist as Described by a Surgeon (Un athée décrit par un chirurgien) sont autant de titres incongrus dont seule une attention réelle permet de relier aux œuvres.

Par exemple, la sculpture A Ghost Nurse Still Needs to Care représente deux armoires à pharmacie dont les portes sont vitrées. Sur celles-ci sont écrits les mots «Medecine dpt.» . A l’intérieur, sont alignés de petits objets blancs ressemblant vaguement à des lampes d’Aladin. En lisant la description de l’œuvre, on comprend que ce sont d’anciens ustensiles médicaux qui permettaient de nourrir les invalides, notamment pendant la guerre.
Ces objets qui semblent surgir tout droit du passé ont été fabriqués par l’artiste avec des matériaux actuels. Les ustensiles, par exemple, ont été sculptés avec de la poussière de chacun des os du corps. Le meuble dans lequel ils se trouvent est en chêne blanc enduit de miel, il a été réalisé par l’artiste avec de la quinine de coco, des cultures d’antibiotiques, de la résine de pin blanc et, plus étrange, des disques de vinyle fondus de Brenda Lee et de Roy Orbison, tous deux chanteurs américains des années 1970.

Les œuvres de Robleto mélangent le passé, par la forme de la sculpture, et le présent, par les matériaux utilisés et les connotations qui les sous-tendent. Elles sont conçues sur le modèle du sampling qui, en musique, permet de combiner des sons, des morceaux, des mélodies et des concepts lyriques recyclés. Si les œuvres ne sont pas ici directement musicales, elles font référence à la musique par les vinyles fondus et par les moyens utilisés. En effet, si Robleto ne sample pas la musique, il sample les matières pour donner aux objets, malgré leur aspect désuet, une vie nouvelle, une signification actuelle.

Dario Robleto travaille à capturer quelque chose de la mémoire. Dans cette exposition, beaucoup d’œuvres font référence aux anciennes guerres, notamment la Grande Guerre. C’est le passé que Robleto tente de ressusciter, mais en lui donnant l’épaisseur matérielle du présent.

Dario Robleto :
— Diary of a Resurrectionnist, 2003-2004. Daguerreotype.
— Color God Never Made, 2003-2004. Yeux en verre.
— Nihilist With a Dream, 2003-2004. Techniques mixtes.
— Fatalism Sutures to A Memory (A Melody) , 2003-2004. Techniques mixtes.
— Chrysanthemum Anthems, 2003-2004. Techniques mixtes.
— Skeleton Wine, 1918, 2003. Techniques mixtes.
— A Maestro’s Moon Shine, 2004. Techniques mixtes.
— Caught in Man’s Amnesia, 2003. Techniques mixtes.
— Blind Willie Boone, 2004. Techniques mixtes.
— An Atheist as Described by a Surgeon, 2004. Techniques mixtes.
— My Soul is Rarely With me Anymore, 2003. Techniques mixtes.
— A Phantom Attempts to Sing as She Once Did on Earth, 2004. Techniques mixtes.
— A Ghost Nurse Still Needs to Care, 2004. Techniques mixtes.
— The Last Lost Shipment of an Untested Life Potion, 2003-2004. Techniques mixtes.
— The Gospel of Lead, 2004. Techniques mixtes.

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