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Diana Thater

PSylvie Rousselle-Tellier
@12 Jan 2008

Sur les murs des nuages blancs projetés sont animés d’une très lente respiration, des ombres de spectateurs pris dans des faisceaux lumineux courent. Et les œuvres s’entrecroisent, les images se composent et se recomposent dans le jeu des projections : pour une interrogation de l’image par interaction, multiplicité et morcellement.

Des nuages blancs, voilà ce que présente, en projection, Diana Thater sur les murs de la galerie. Des nuages qui apparaissent ou disparaissent, qui s’estompent ou se contrastent, avec une lenteur telle que l’on pourrait croire au premier abord assister à la projection d’une unique diapositive.

L’artiste mobilise pour ses projections les murs, les coins, et même les plafonds, de façon à redessiner l’espace. Parfois, l’œuvre dépasse les limites du lieu : dans Last and Soon la projection était dirigée sur une fenêtre enduite de gel neutre, l’image devenant ainsi visible de l’intérieur et de l’extérieur (Galerie David Zwirner, déc. 1993).

Ici, deux projecteurs et des néons posés au sol mettent le spectateur en situation de toujours croiser des faisceaux de lumière et à voir ainsi son ombre courir sur les murs. Le couple formé par le spectateur et son ombre déambule à la fois dans la galerie et dans l’œuvre.

En outre, les deux projections White is the Color et Goodbye Blue Sky, dans lesquelles des nuages blancs apparaissent et disparaissent, se chevauchent et semblent fonctionner ensemble comme une installation unique englobant les projections, l’architecture, le spectateur et son ombre. Les notions d’interaction, de multiplicité ou de morcellement présentes ici se retrouvent au premier étage de la galerie dans les dessins (impression jet d’encre) de propositions ou de plans d’œuvres antérieures.

Diana Thater a appliqué des gels colorés — les rouges, verts et bleus de la palette vidéo — sur les murs de verre du musée de Carnegie à Pittsburgh.
Pour l’exposition Last and Soon, elle a utilisé un projecteur à trois objectifs qui, grâce à un décalage, divisait l’image en trois : rouge, verte et bleue. Ce qui la rendait multiple. A l’inverse, à l’aide de trois projecteurs munis d’un seul objectif rouge, vert ou bleu, elle aboutissait à une seule image.

La thématique croisée de la décomposition et de la synthèse s’exprime encore par le biais de moniteurs groupés, où chacun présente une partie de l’image. Celle-ci est ainsi interrogée à partir des mécanismes de la vidéo et sa gamme chromatique RVB qui à la fois compose et décompose l’image : une pure — et fragile — construction lumineuse.

Diana Thater
Projections
— White is the Color, 2002. Vidéo projector, DVD player, DVD, 1-tube fluorescent light fixture with daylight bulb and existing architecture. Dimensions variables.
— Goodbye Blue Sky, 2002. Vidéo projector, DVD player, DVD, 1-tube fluorescent light fixture with daylight bulb and existing architecture. Dimensions variables.

Dessins
— Oostende Dronkenput Proposal #1, 2002. Ink on vellum with Pantone and inkjet prints. 60 x 45 cm.
— Oostende Dronkenput Proposal #2, 2002. Ink on vellum with Pantone and inkjet prints. 60 x 45 cm.
— Ligthing Proposal for the Pittsburgh Convention Center, 2002. Ink on mylar with Pantone and inkjet prints. 91 x 76 cm.
— Tensta Konsthall, 2000. Ink on mylar with Pantone and inkjet prints. 61 x 91 cm.
— Carnegie International, 1999. Diptych : Ink on mylar with Pantone and inkjet prints. 41 x 58 cm.
— Oo Fifi : Five Days in Claude Monet’s Garden, 1992. Ink on mylar with Pantone and inkjet prints. 41 x 58 cm.
— Beyeler Foundation Installation #3, 2002. Ink on mylar with Pantone and inkjet prints. 61 x 74 cm.

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