ART | EXPO

Devoid

27 Oct - 28 Déc 2012
Vernissage le 27 Oct 2012

À la faveur d'une troublante installation en théâtre d'ombres, Mithu Sen met en lumière ses plus sombres projections. Un cortège de formes finement découpées d'animaux, d'objets ou de morceaux de corps démembrés et désarticulés, nous entraîne au cœur d'un voyage initiatique dans les visions cauchemardesques de l’artiste.

Mithu Sen
Devoid

Née en 1971 au Bengale Occidental en Inde, Mithu Sen vit et travaille à New Delhi. Elle est diplômée d’un MFA de l’Université Visva Bharati à Santiniketan qui figure parmi les plus importantes écoles d’art en Inde, et fait partie de la scène artistique nationale avec Subodh Gupta, Bharti Kher, Rina Banerjee et Jitish Khallat.

Dans la lignée de ses travaux les plus emblématiques, Mithu Sen reprend ici le système de signes spécifique à son travail de dessin et de sculpture. L’érotisme d’une féminité assumée et le dévoilement d’une intimité qui incommode, l’autoportrait et la réactivation d’objets inanimés pour contrer une confusion d’identité sexuelle, émotive, géographique, l’obstination à dépeindre le corps comme matérialité organique pour en disséquer ses composants et les isoler comme motifs picturaux. Avec «Devoid», Mithu Sen parvient, de manière jusque là inédite, à une nouvelle percée dans sa quête d’abstraction, sans rien perdre de sa drôle impertinence ni de l’insubordination du précis de son tracé.

Originellement utilisé à des fins religieuses pour évoquer l’âme des morts, le théâtre d’ombre de Mithu Sen devient ici profane. En lieu et en place des figures sacrées comme intermédiaires privilégiés, elle construit cet artefact magique qui manipule les effigies et trompent notre perception. Avec l’agitation d’un mauvais rêve, ce funeste manège qui unit tigres en chasse et cage thoracique humaine, carriole tirée par des chevaux et ossements, opère une séduisante fascination sur le spectateur et l’invite à une ultime danse macabre — pour mieux le renvoyer à ses propres obsessions chimériques.

Produite par l’obscurcissement du faisceau lumineux des silhouettes, la farandole de ces ombres portées n’a de réalité que celle que nous voulons bien lui prêter: en intitulant cette installation «Devoid», l’artiste cherche à nous donner à voir un espace dépourvu. «Le dénuement, c’est le vide», explique l’artiste, «mais un vide après qu’il y ait eu présence; une existence soustraite. Et cela suppose l’absence — les ombres». En invitant le spectateur à expérimenter l’immatérialité des vides de la lumière dissimulée et les pleins de la lumière projetée, Mithu Sen exclut toute forme de passivité de sa part: il devient support dynamique de diffusion de ces ombres, et acteur mobile de ces forces agissantes.

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