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Deux Paris

PEva Robillard-Krivda
@12 Jan 2008

L’art est pour Carsten Höller un laboratoire où l’homme est soumis à des expériences ludiques et surprenantes. Ici, un phénomène optique découvert par le psychologue Max Wertheimer en 1912.

Lieu d’observations et d’expérimentations, le champ artistique est pour Carsten Höller un laboratoire où l’Homme est l’unique cobaye. Par l’intermédiaire de ses œuvres, il soumet ce dernier à des expériences ludiques et surprenantes.

Ainsi, son installation lumineuse Phi Wall met en application un phénomène optique découvert par le psychologue Max Wertheimer en 1912. Cette structure, composée de quatorze disques qui s’allument aléatoirement toutes les 150 millisecondes, diffuse une lumière dont la couleur varie d’un disque à l’autre. La fréquence et la persistance des impressions lumineuses trompent notre système de perception visuelle. De ce clignotement naît l’illusion d’une balle multicolore qui rebondit sur toute la surface du mur. Ce flux continu de lumière met en évidence les projections de l’esprit : images de notre activité cérébrale en pleine production de sens.

Parallèlement et à l’opposé du phénomène Phi, l’œuvre The Forest multiplie les images faisant de chaque œil un système de vision indépendant. A l’aide de lunettes  » Eye-Trek  » constituées de deux écrans LCD, deux films sont projetés simultanément. Au début, les images identiques sont synchronisées pour donner l’impression qu’un seul film est projeté, celui d’une ballade nocturne dans une forêt recouverte de neige. Puis, peu à peu, l’image devient floue, trouble, et finit par se dédoubler comme sous l’effet de psychotropes : image de ce qu’il y a à gauche d’un arbre dans un œil et de ce qu’il y a à droite dans l’autre, l’une verte et l’autre bleue, à l’endroit et à l’envers, etc. Cette expérience visuelle nous confronte à un autre mode de perception, mode qui peut être comparé à celui de certains animaux qui ont un écart important entre les deux yeux ou encore aux insectes qui ont des yeux à facettes. D’ailleurs, ces derniers ont une place importante dans la vie et la pratique artistique de Carsten Höller. En effet, après des études universitaires consacrées à la communication olfactive des insectes, ils peuplent, aujourd’hui, sa production artistique, tel ce crocodile en résine au sein de l’exposition, faisant le lien entre ses différents travaux.

Avec ses œuvres, Carsten Höller insinue le doute dans notre perception du monde. Bouleversant les certitudes, ébranlant les convictions, il met à mal ce que nous appelons  » réalité  » et nous invite à voir les choses autrement, démultipliant les points de vue.

Carsten Höller :
Phi Wall, 2002. Aluminium, néons, plexiglas, système électronique (9 programmes aléatoires), câbles.
Crocodile, 2002. Birésine translucide.
The Forest, 2002. 2 films sur 2 DVD, 2 lecteurs, lunettes EYE-Trek. 6’15’’18

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