ART | EXPO

Desert stage

14 Mai - 04 Sep 2016
Vernissage le 13 Mai 2016

Avec «Desert Stage» Christian Hidaka présente un dispositif pictural complexe qui explore les rapports entre peinture et théâtre. L’artiste japonais nourri de références à l’histoire de l’art fait d’un de ses tableaux une scène théâtrale où le visiteur lui-même devient acteur.

Le Grand Café de Saint-Nazaire est entièrement investi par cette exposition qui forme une seule entité conceptuelle. L’artiste japonais y dévoile une toile récente qu’il multiplie, fragmente, met en perspective dans un ensemble qui étend la surface peinte à l’espace scénique.

A l’étage est présentée cette toile centrale de l’exposition titrée Trobairitz, dont le personnage principal, entre les troubadours de la peinture italienne et les Arlequins de Picasso, incarne à lui seul une multiplicité historique, stylistique et représentative. L’ensemble du tableau est un agrégat d’éléments disparates liés par une logique mentale et mémorielle. S’inspirant de l’Ars memoriae, moyen mnémotechnique qui consiste à associer au souvenir d’un lieu des éléments que l’on cherche à mémoriser, le tableau de Christian Hidaka est doté de la même utilité dans le cadre de sa propre construction imaginaire. Trobairitz associe aussi bien des références picturales à la Renaissance italienne qu’à Henri Matisse, Pablo Picasso ou Fernand Léger disposées autour du personnage central.

Au rez-de-chaussée, ce même tableau est entièrement désassemblé et déployé en trois dimensions. Tous les éléments de Trobairitz se retrouvent projetés dans tout l’espace d’une grande salle, en une profusion de peintures, à laquelle manque cependant une composante essentielle de l’œuvre initiale: son personnage central. Ainsi se dévoile le sens du titre de l’exposition, la scène vide («Desert Stage») est cet espace semblable à une scène de théâtre où l’action est suspendue en l’absence du héros de la pièce. Cette place provisoirement vide, c’est le visiteur qui peut alors l’occuper en se glissant dans la composition picturale qui devient fiction.

La réflexion sur le théâtre et ses liens possibles avec la peinture se prolonge dans la petite salle attenante où Christian Hidaka aménage des coulisses, des points de vue sur l’arrière de la toile, sur ses surfaces non finies et ses prolongements muraux, dans un jeu sur la nature de l’espace pictural.

S’il n’est pas pionnier dans cette exploration de la peinture en tant qu’espace scénique, Christian Hidaka la mène d’une façon inédite, en morcelant physiquement son tableau pour en disposer les éléments dans l’espace et ainsi révéler sa théâtralité et l’ouvrir à un potentiel dramatique et narratif dans lequel chaque visiteur peut devenir acteur.

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