ART | CRITIQUE

Dernier Ticket

PMagali Lesauvage
@12 Jan 2008

L’artiste français Stéphane Thidet présente chez Aline Vidal des visions de fin du monde et de fin de soi, explorant avec humour nos peurs contemporaines.

Pour sa première exposition à la galerie Aline Vidal, Stéphane Thidet propose dès le pas de la porte une vision de fin du monde. Barrant l’entrée, des structures métalliques gisent sur le plancher, à côté d’un large objet rond orné d’ampoules, comme un élément de manège. L’ensemble, intitulé Rêve de tour (2006) semble avoir été prélevé dans une fête foraine et laissé là, à l’abandon, comme le souvenir d’une fête finie.

La série de photographies «Park #», réalisée en 2005 dans un parc d’attractions, vient augmenter cette sensation de vide. Des figures fantomatiques, à contre-jour ou éclairées par une lumière blafarde qui les désindividualise, habitent un décor déshumanisé, qui ne semble pas avoir été fait pour eux.

Ainsi Stéphane Thidet explore-t-il les angoisses humaines. Dans la vidéo Ask (2002), présentée dans une vitrine du quartier de la Goutte d’Or à l’occasion de la dernière de la Nuit blanche (2006), un squelette dansant sous la lumière zénithale d’un lampadaire était déjà un clin d’œil malicieux à l’iconographie traditionnelle de la mort. De même, les photographies de la série «Park #» font appel à des peurs irrationnelles, celle de l’abandon et de la fin du monde.

Dans la vidéo Du vent dans les champs (2006), les individus n’ont pas non plus de visage. La caméra suit un homme courant dans un champs de maïs aux plants gigantesques, sans perspective, sans horizon. La séquence est anxiogène et présentée en boucle: la course est infinie, mais jamais le personnage poursuivi ne peut être identifié. L’homme ne semble fuir que lui-même.

Symbole ultime de ces peurs irrationnelles qui minent l’existence, une valise en acier et aluminium porte sur son flanc le titre No Weapons Inside (Pas d’armes à l’intérieur): l’artiste appréhende une autre de nos peurs paniques, celle du terrorisme et d’objets, tels que la mallette en métal, qui sont devenus des signes potentiels de danger.

Par cette exposition «Dernier Ticket», Stéphane Thidet invite à regarder objectivement des signes marqueurs d’angoisse, sans pour autant livrer de mode d’explication précis de ses œuvres, permettant au spectateur d’y projeter ses propres inquiétudes.

Stéphane Thidet
— Rêve de tour (détail), 2006. Acier, bois, ampoule. 1000 x 300 x 300 cm.
— Du vent dans les champs, 2006. Vidéo couleur. 2 mn en boucle.
— Refuge, 2006. Photo couleur contrecollée sur dibon. 190 x 130 cm.
— Park#1, 2005. Photo couleur. 60 x 80 cm.
— Park#2, 2005. Photo couleur. 60 x 80 cm.
— Park#3, 2005. Photo couleur. 60 x 80 cm.
— Park#4, 2005. Photo couleur. 60 x 80 cm.
— No Weapons Inside, 2005. Acier, aluminium. 38 x 44 x 8,5 cm.

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