ART | EXPO

Der Willkommene Fremde

10 Mar - 07 Avr 2012
Vernissage le 10 Mar 2012

Mathew Hale explore différents formats à travers cette exposition (collages de textes et d’images, film, photographies) pour interroger la «crise» qui secoue notre monde. Ces travaux aspirent notamment à montrer l’effondrement du temps historique dans le temps mystique, et questionnent les symptômes morbides propres à nos sociétés.

Mathew Hale
Der Willkommene Fremde

L’exposition «Der Willkommene Fremde» est centrée autour d’une nouvelle installation, Maria und Joseph: It becomes a Morbid Time. Cette œuvre longue de dix mètres, composée de treize collages, en relation mais indépendants, mélangeant textes, images, matériaux divers, sur des sujets aussi variés que les récentes émeutes au Royaume-Uni (encore inexplicables pour les médias), un fantasme royal SM (Charles, Camilla et Diana), le mouvement punk de 1977 (spécifiquement mais indirectement les Sex Pistols), les media (la photographie comme instant de douleur), l’affirmation de Freud selon laquelle les petits enfants confondent souvent sexe et violence, ignorant la réponse à la question «d’où viennent les bébés», un régicide par décapitation, ou encore l’héritier et le changement de génération.

Le texte central de cette installation est d’Antonio Gramsci, mais inversé. L’original énonce que «la crise consiste précisément dans le fait que l’Ancien se meurt, tandis que le Nouveau ne peut naître: dans cet inter-règne, une grande variété de symptômes morbides apparaissent» (Antonio Gramsci, Cahiers de prison, Gallimard, Paris, 1978-1982).

La version inversée (imaginons le Prince Charles comme une allégorie sociale) énonçait que la crise consiste précisément en ce que l’Ancien ne veut pas mourir et que le Nouveau ne peut donc pas naître; ce qui engendre une grande variété de symptômes morbides.

Ce travail aspire à montrer l’effondrement du temps historique dans le temps mystique, où la presse en ligne d’aujourd’hui peut côtoyer facilement les textes élisabéthains ou les écrits pornographiques des années 1970. Réalisée à Berlin par un citoyen britannique vivant en Allemagne depuis douze ans, avec l’objectif d’être exposée à Paris (sur le lieu de la mort de Diana), cette œuvre représente le genre d’intuition qu’un expatrié regardant de loin son pays d’origine peut avoir plus facilement en contemplant un malaise national qu’il ressent lui-même.

A côté sont exposées sept collages, tous inédits, nouvelles pièces du projet «Miriam». Variés dans la forme comme dans le fond, ils sont constitués en grande partie d’éléments de langue française.

La composante allemande de cette exposition en trois actes est donnée par la projection d’un diaporama intitulé DIE MÜNZE (la Pièce de monnaie), 2008-2011. Cette œuvre, déjà présentée au MoMa à New York l’année dernière, est constituée d’un texte de 28 minutes prononcé en voix-off par Astrid Proll, photographe membre de la première génération de la Fraction Armée Rouge (groupe Bader-Meinhof). En raison d’un séjour clandestin au Royaume-Uni, sa belle et forte voix en anglais laisse entendre un accent léger mais inhabituel. Les textes ont été écrits ou choisis par l’auteur.
Die Münze est une sorte de film-essai, inclassable mais fascinant. Si ce film avait un sujet, ce serait celui du refus de l’harmonie entre générations, la nécessaire violence que chacune doit infliger à ses ascendants – et la terrible vérité, si rarement admise, que nous n’avons fait qu’un avec notre mère. Cela se joue bien sûr à l’identique de façon esthétique dans les avant-gardes.

La dernière œuvre de l’exposition est une sculpture en papier intitulée Extremities Meet (2012). Elle a été réalisée en utilisant une géométrie trouvée dans une photographie aérienne de la forêt de Tronçais. La perspective photographique produit un triangle équilatéral parfait, où deux chemins contraires se croisent à l’horizon. En utilisant trois copies de cette photographie, on peut former une pyramide à trois faces. Lorsque c’est fait, les extrémités du triangle au sol se rencontrent dans le ciel.

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