ÉCHOS
01 Juin 2010

Dennis Hopper, mort d’un rebelle paradoxal

PJohn Tremblay
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Réalisateur, icône de la contre-culture américaine de la fin des années soixante, mais aussi photographe et peintre, Dennis Hopper est mort à 74 ans ce samedi 29 mai des suites d’un cancer de la prostate.

Dennis Hopper commence sa carrière dans le cinéma dans les années cinquante comme acteur dans les grands studios d’Hollywood où il jouera aux côtés de James Dean, figure emblématique du rebelle, dans deux films cultes La Fureur de vivre, de Nicholas Ray, et Géant, de Georges Stevens.

Il cumulera une centaine de rôle dans diverses séries TV et films, jusqu’à sa première réalisation, Easy Rider, en 1969. Ce film prend comme fil conducteur la randonnée hallucinée de deux motards déjantés. Avec son trio d’acteurs Jack Nicholson, Peter Fonda, et Dennis Hopper lui-même, Easy Rider devient très vite le film-culte de toute une jeunesse américaine opposée à la société de consommation, à la guerre du Vietnam, se révoltant sur les campus, une génération en rupture de banc et éprise de liberté.

Easy Rider est aussi le premier film indépendant distribué par des majors.
Dennis Hopper devient ainsi le précurseur et le modèle d’un nouveau cinéma, et ouvre une brèche dans laquelle s’engouffrera toute une génération de cinéastes comme Michael Cimino, Jerry Schatzberg, ou encore Francis Ford Coppola…

Il réalisera sept autres films qui ne connaitront le même succès, The Last Movie (1971), Out of the Blue (1980), Colors (1988), Catchfire et Hot Spot (1990), Chasers (1994) et Homeless (2000).

Dennis Hopper fut aussi le grand témoin des mutations d’Hollywood, de la période des grands studios des années cinquante jusqu’à nos jours, d’autant plus qu’il continua une carrière d’acteur auprès de Wim Wenders (L’Ami américain), David Lynch (Blue Velvet), et de Coppola qui lui confie dans Apocalypse Now le rôle d’un photographe halluciné.

En effet, Dennis Hopper fut aussi photographe. Son surnom sur les tournages était «The Tourist», car il était toujours muni d’une batterie d’appareils, faisant tour à tour des photos de tournage, des portraits d’amis comédiens ou réalisateurs, d’artistes… Taschen a d’ailleurs consacré un album sur son travail de photographe,

Une autre facette méconnue de Dennis Hopper fut celle de peintre, proche du Pop art. Dans les années soixante, il côtoya Rauschenberg, Lichtenstein, Warhol, etc. Il réalisa un ready-made avec Marcel Duchamp Hotel Green Entrance, et fut aussi lié à Schnabel et Basquiat,
Peut-être sous l’influence de ce dernier, il s’intéressera à l’univers du hip-hop, des taggers, qu’il abordera dans son film Colors consacré à la guerre des gangs à Los Angeles, et précurseur des films dits de «ghetto».

Malgré sa réputation de rebelle, il n’en devint pas moins Républicain et soutint la candidature de George Bush. Mais toujours là où l’on ne l’attend pas, il se rangea aux côtés de Barak Obama lors des dernières élections présidentielles des États-Unis.

Disparaît avec Dennis Hopper, le témoin d’une époque, mais surtout un artiste protéiforme.

Consultet
Dennis Hopper: Photographs 1961-1967, Taschen books. Tony Shafrazi, Walter Hopps, Jessica Hundley. 33 x 44 cm. 546 pages
Dennis Hopper et le nouvel Hollywood, Skira Flammarion et la Cinémathèque française, Paris, 2008.

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