LIVRES

Deleuze et l’art

Sur les vingt-six titres que compte la bibliographie de Deleuze plus d’un tiers sont consacrés à l’art. Par cet ouvrage, Anne Sauvagnargues se propose de faciliter l’accès à l’œuvre décisive de Deleuze, en restituant ses parcours dans un souci d’extrême clarté.

— Auteur : Anne Sauvagnargues
— Éditeur : Puf
— Collection : Lignes d’art
— Année : 2005
— Format : 15 x 21,5 cm
— Illustrations : aucune
— Pages : 280
— Langue : français
— ISBN : 2-1305-5289-7
— Prix : 29 €

Présentation

La pensée de Deleuze est suffisamment complexe pour avancer avec prudence et découvrir pas à pas l’ensemble de son œuvre, en détaillant les modalités de rencontre avec l’art qu’on y trouve. C’est la méthode qu’on se propose de suivre dans cette ouverture: observer le statut de l’art au plus près de son fonctionnement empirique dans le corpus, pour établir la cartographie dynamique de l’apparition des problèmes et des concepts, en tenant compte de leur arrivée et de leur disparition. Un tel relevé permet d’éviter l’élaboration abstraite et de dégager les orientations et les enjeux de l’art en serrant exactement les tensions de cette pensée en devenir.

La première constatation qui s’impose est très simple: l’importance de l’art éclate au seul énoncé d’une liste chronologique des publications. Du seul point de vue descriptif, Deleuze consacre plus du tiers des titres qu’il publie à des analyses d’œuvres, sans faire mention des nombreux articles par lesquels, avec sa méthode caractéristique, il prépare ses ouvrages, et qu’il ne reprend pas toujours en volumes séparés. La littérature (un roman, À la recherche du temps perdu, en 1964, une œuvre, celle de Kafka en 1975, une pièce de Carmelo Bene, Richard III, trois pièces de Beckett, de nombreux articles sur Zola, Tournier, Klossowski, Lewis Carroll, etc.), mais aussi la peinture de Fromanger (1973), de Francis Bacon (1981), le cinéma classique et néoréaliste, un moment de l’histoire des styles, le Baroque, font successivement l’objet d’études séparées.

Deleuze consacre des livres entiers à des œuvres souvent récentes et même contemporaines, et fournit ainsi un vrai travail de critique, qui dépasse de loin l’intérêt pour l’art, même marqué. C’est un nouvel usage de l’art, dont la rencontre et l’exercice s’avèrent indispensables à la pensée. La manière dont il se sert des œuvres comme terrain d’expérimentation et de validation nous permet de saisir sur le vif la fabrique conceptuelle de sa philosophie. Il y a là une manière de penser et d’utiliser l’art qui déborde le cadre des études explicitement esthétiques et diffuse dans l’ensemble de son œuvre. Même dans les études qui ne prennent pas explicitement l’art pour thème, les analyses qui lui sont consacrées sont décisives. Faire l’inventaire de ces usages, observer leurs zones de variation devrait nous permettre de poser des jalons dans cette œuvre complexe.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Puf — Tous droits réservés)

L’auteur

Anne Sauvagnargues
Maître de conférences à l’École normale supérieur de lettres et sciences humaines (Lyon), Anne Sauvagnargues a contribué à La Philosophie de Deleuze, paru aux Puf dans la collection «Quadrige».