ART | CRITIQUE

Deichû Ni Hasu

PElisa Rigoulet
@17 Mai 2010

L'exposition «Un lotus dans la boue», conçue par David Rosenberg, est consacrée aux auteurs de manga japonais. Comme le lotus puise dans la boue son exquise beauté, le manga japonais, qui est l’héritier du traumatisme de la bombe atomique, passe de l’horreur à la création.

Le lotus est au Japon une fleur spirituelle qui puise son énergie dans la boue, transformant son vivier en exquise beauté. Comme le lotus, le manga est à la fois l’héritier de la tradition japonaise et du traumatisme de la guerre et la bombe atomique, de l’horreur à la création donc.

Aujourd’hui à l’œuvre dans le monde entier, le manga est aussi bien une culture, un univers qu’une industrie lucrative. Ses scénarios et ses personnages se déclinent en publications, jeux vidéos, films et produits dérivés. Mais c’est aussi, en tant que phénomène culturel et social, un véritable puits de création pour de nombreux artistes. Science-fiction ou vie quotidienne, créatures magiques ou personnages communs, les mangas abordent les thèmes universellement humains de l’amour, de la violence, de l’héroïsme, de l’aventure ou de l’échec.

Mais les travaux que présente l’exposition de la galerie Vallois sont bien loin de ce que nous connaissons ou avons l’habitude de voir de la culture manga. Au-delà de son aspect convenu de banal divertissement, le manga revêt de nombreuses significations sociales et politiques.
Le travail de Junko Mizuno se caractérise ainsi par une opposition brutale entre un trait enfantin, proche du Kawaii, et l’évocation de thèmes sordides transformant ses ouvrages en adaptations pour adultes de contes de fée.

De la même manière, Kanako Inuki, surnommée «The Queen of Manga Horror» nourrit un style violent et une esthétique gore. Elle est l’auteur notamment de Bukita Kun qui relate les aventures tragiques d’un zombie en quête d’amour.

Yoshikazu Ebisu est né en 1947 à Nagazaki, dans un Japon traumatisé par les conséquences de la guerre et de l’arme atomique. Dessinateur connu et médiatisé, il a collaboré avec de nombreuses personnalités japonaises comme Takeshi Kitano. Mais la colère et la violence qui nourrissent ses dessins prouvent le mépris profond de l’auteur pour la célébrité et ses artifices.

Ces créateurs japonais sont les pères d’ouvrages expérimentaux et inclassables qui témoignent de la puissance du manga comme instrument porte-parole d’une génération. L’exposition présente ainsi certaines planches inédites de mangas, jamais traduites pour la plupart, donc inaccessibles en Occident. Ces ouvrages de fantaisie en apparence ouvrent pourtant sur des univers visionnaires et sont autant de seuils à franchir pour accéder à des mondes complexes et riches en significations.

L’exposition rend hommage à ces artistes méconnus en occident et présente un éventail de ce que sont «les dessous» du manga, la tradition populaire du manga au Japon, et non pas digérée par une vision occidentale. Sans doute, l’ombre du grand Takashi Murakami, artiste contemporain prolifique qui depuis quelques années passe presque pour l’unique représentant de la création japonaise, a sa part de responsabilité dans cette ignorance. Ce n’est que justice rendue.

— Yoshikazu Ebisu, Le Chien, 1984. Encre sur papier. 34,5 x 24,5 cm.
— Yoshikazu Ebisu, La Barque, 1983. Encre sur papier. 34,5 x 24,5 cm.
— Yoshikazu Ebisu, Sans titre, 2001. Encre sur papier. 34,5 x 24,5 cm.
— Yoshikazu Ebisu, La Lampe, 1982. Encre sur papier. 34,5 x 24,5 cm.
— Yoshikazu Ebisu, Sans titre, 1980. Encre sur papier. 34,5 x 24,5 cm.
— Yoshikazu Ebisu, Sans titre, 2009. Acrylique et encre sur carton plume.103 x 78,2 cm.
— Yoshikazu Ebisu, The Flower, 2000. Encre et feutre sur calque et papier. 34,5 x 24,5 cm.
— Yoshikazu Ebisu, Untitled, 2008. Encre et feutre sur calque et papier. 24,7 x 17,5 cm.
— Kanako Inuki, H7 (The Red Little Girl), 1998. Acrylique sur papier. 36 x 25,5 cm.
— Kanako Inuki, circa 1998 (The Mask), 1998. Acrylique sur papier. 36,5 x 24,2 cm.
— Kanako Inuki, May 1997 (The Shutters), 1997. Acrylique sur papier. 36,5 x 30 cm.
— Kanako Inuki, February 1994 (The Flowers), 1994. Acrylique sur papier. 38 x 28 cm.
— Kanako Inuki, July 1994 (In The Water), 1994. Acrylique sur papier. 40,5 x 31,5 cm.
— Kanako Inuki, J 1997 (The Window), 1997. Acrylique sur papier. 33,7 x 24,8 cm.
— Usamaru Furuya, Untitled, 1998. Acrylique sur papier. 36,5 x 25,5 cm.
— Usamaru Furuya, Plastic Girl, 2000. Acrylique sur carton. 29,7 x 41,7 cm.
— Usamaru Furuya, Marie no Kanadera Ongaku, 2001. Encre et crayon sur papier et calque. 35,5 x 25,5 cm.
— Usamaru Furuya, Litchi Hikari Club, 2006. Encre et crayon sur papier. 35,5 x 25,5 cm.
— Usamaru Furuya, Untitled, 1998. Acrylique sur papier. 18,5 x 20 cm.
— Usamaru Furuya, Short Cuts, 1998. Encre et crayon sur papier. 36,5 x 51 cm.
— Usamaru Furuya, Short Cuts, 1998. Encre et crayon sur papier. 36,5 x 25,5 cm.
— Usamaru Furuya, Wsamarus 2001, 1997-2000. Acrylique sur papier. 36,2 x 25 cm.
— Usamaru Furuya, Flowers. Crayon de couleur sur papier. 33 x 21,5 cm.
— Usamaru Furuya, Untitled, 1997. Acrylique sur papier. 29,5 x 21 cm.
— Usamaru Furuya, Plastic Girl, 2000. Acrylique sur carton. 35,5 x 26,5 cm.
— Suehiro Maruo, Sans titre. Encre sur papier. 37,5 x 27, 5 cm.
— Suehiro Maruo, Sans titre (Couteau). Encre et collage sur papier. 32 x 23 cm.
— Suehiro Maruo, Sans titre. Encre sur papier. 32 x 23 cm.
— Suehiro Maruo, Le Garçon serpent. Encre et gouache sur papier. 37,5 x 27, 5 cm.
— Suehiro Maruo, National Kid. Encre sur papier. 38,5 x 49, 5 cm.
— Junko Mizuno, Bébé. Encre sur papier. 22 x 16,5 cm.
— Junko Mizuno, Bain gâteau. Encre sur papier. 22 x 18 cm.
— Junko Mizuno, Caca poêle. Encre sur papier. 25,5 x 18,5 cm.
— Junko Mizuno, Nurse. Encre sur papier. 25,5 x 18,5 cm.
— Junko Mizuno, Homme à laver. Encre sur papier. 25,5 x 19,2 cm.
— Junko Mizuno, Hommes à la chaîne. Encre sur papier. 22,5 x 18,5 cm.
— Toru Terada, From Above, 2007. Crayon sur papier. 36 x 26 cm.
— Toru Terada, The Clown, 2007. Crayon sur papier. 36 x 26 cm.
— Toru Terada, The Motorcycle, 2007. Crayon sur papier. 36 x 26 cm.
— Toru Terada, Sans titre, 2007. Crayon sur papier. 21 x 29,5 cm.
— Toru Terada, Sans titre, 2001. Crayon sur papier. 36 x 26 cm.
— Toru Terada, Sans titre, 2001. Crayon et encre sur papier. 36 x 26 cm.
— Toru Terada, Sans titre, 2004. Crayon et encre sur papier. 36 x 25,5 cm.
— Toru Terada, Sans titre, 2001. Crayon de couleur sur papier. 19 x 13,5 cm.
— Toru Terada, Angel, 2001. Crayon sur papier. 29,5 x 21 cm.
— Toru Terada, Angel, 2001. Encre sur papier. 31 x 21 cm.
— Toru Terada, Lion robot, 2001. Crayon gras sur papier. 36 x 26 cm.
— Toru Terada, Femme assise, 2001. Crayon sur papier double. 57 x 29 cm.
— Toru Terada, Tinn-Tamm, 2009. Aquarelle sur papier. 42 x 29,5 cm.
— Toru Terada, Les Enfants, 2007. Crayon sur papier. 36 x 26 cm.

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