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Deformalismes

24 Mai - 19 Juil 2008
Vernissage le 24 Mai 2008

Tous les procédés de déformation éprouvés dans l’exposition "Déformalismes" peuvent être vus comme des négations d’une abstraction pure, ou concrète. Ils rejoignent paradoxalement, d’autres formes d’expression traditionnelles comme la caricature, le grotesque, ou l’une de leurs expressions modernes, le cartoon, dont l’un des ressorts est également la défiguration.

Alex Brown, Philippe Decrauzat, Sylvie Fanchon, Ivan Fayard, Stephen Felton, Steven Parrino, Benoît Platéus, Peter Saul, Michael Scott, Blair Thurman, John Tremblay et Dan Walsh
Déformalismes

Le formalisme est une source fréquente de malentendus. C’est aussi une invective commode dans l’art d’aujourd’hui. En résumé, le formalisme, c’est toujours les autres. Conséquemment, on pourrait s’amuser à imaginer ce qui serait l’autre du formalisme. Si le formalisme, « c’est les autres », l’autre du formalisme, par contre (« par contre », car l’opposition n’est pas réciproque), pourrait bien être le « déformalisme » (une expression qu’employait parfois feu Steven Parrino).

En ce sens, et au même titre que l’on parle de « défigurer » – tirer la figure vers autre chose – le déformalisme, lui, tirerait l’abstraction vers quelque chose qui n’est pas elle.

Déformalisme et défiguration sont les deux versants d’une même opération, deux genres de déformation. L’un défait la figure, l’autre la forme pure. L’un comme l’autre procédés suggèrent une certaine violence à l’endroit de la forme.

Le traitement que font subir certains artistes à l’art abstrait n’est pas moins indélicat que l’art des caricaturistes. Les effets optiques (l’Op produit des formes insaisissables, jamais fixées), la déformation perspective (qui est, de quelque point de vue que l’on se place, une déformation: rationnelle, lorsqu’elle est appliquée aux images des choses, elle devient insensée lorsque l’on s’en sert pour représenter des formes abstraites), l’excès de matière qui finit par contredire le matérialisme de l’art concret…

Tous ces procédés éprouvés dans l’exposition peuvent être vus comme des négations d’une abstraction pure, ou concrète. Ils rejoignent pour cette raison, paradoxalement, d’autres formes d’expression traditionnelles comme la caricature, le grotesque, ou l’une de leurs expressions modernes, le cartoon, dont l’un des ressorts est également la défiguration (par permutation des parties du corps, abstraction ou la réduction expressive des traits…), non pas qu’il s’agisse ici de « cartoons » de peintures ou d’autres choses, mais au sens où ces Å“uvres manifestent une même outrance dans la déformation – par réduction (simplification), exagération ou permutation des parties.

L’une des ambitions traditionnelles de l’art abstrait se rapproche du dessein de la caricature ; il s’agit dans un cas comme dans l’autre de parvenir à la « plus simple expression » de quelque chose. Le réductivisme, notait Mike Kelley (in « Thoughts on Caricature »), relève du même essentialisme que la caricature. Mais tandis que la déformation de l’art abstrait moderniste aspire à rendre les choses meilleures, la caricature cherche à les rendre pires. Dans les œuvres réunies ici, ces deux réalités (concrète et figurée) sont déformées simultanément pour le meilleur et pour le pire.

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Magali Lesauvage sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.

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