ÉCHOS
25 Sep 2014

Décès de Gérard Violette, directeur emblématique du Théâtre de la Ville

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L’emblématique directeur du Théâtre de la Ville s’est éteint mercredi 24 septembre, à l’âge de 77 ans, laissant le souvenir d’un homme passionné, bienveillant et engagé. Son impressionnant bilan à la tête de l’institution, depuis sa fondation jusqu’à l’ouverture du Théâtre des Abbesses, force aujourd’hui le respect du monde des arts vivants, de la danse en particulier, dont il aura su porter les valeurs en France et à l’étranger.

Administrateur puis directeur du Théâtre de la Ville, Gérard Violette a consacré sa vie à développer cette structure qu’il a vu naître, lorsqu’en 1967 Jean Mercure l’associe à la rénovation de l’ancien Théâtre Sarah Bernhardt. Gérard Violette a porté à bout de bras ce projet durant quarante ans, soucieux tant du public que des créateurs, dont il se sentait proche. Résolument engagé à promouvoir les créations nouvelles et à encourager l’émergence des expressions contemporaines, il n’a jamais pour autant oublier les exigences d’un théâtre populaire qui ont motivé la création du Théâtre de la Ville.

De ce grand écart périlleux, mais réussi, entre les styles et les âges, on retient la vivacité d’une programmation ouverte, où se croisent les genres et les générations (de Georges Lavaudant à Matthias Langhoff, en passant par Thierry de Perreti), en assumant une orientation pleinement tournée vers le présent (Agota Kristof, Jean-Luc Lagarce…). Aux côté de l’art dramatique, Gérard Violette a également œuvré en faveur de la représentation de la musique au théâtre, et particulièrement des musiques du monde (de Mory Kante, Youssou N’Dour à Paolo Conte et Cesaria Evora) ou de la chanson engagée (Juliette) pour assurer le dialogue entre les cultures qu’il considérait comme la meilleure arme contre les effets homogénéisant de la globalisation. Cet inépuisable curieux aura su faire de son lieu la vitrine de la diversité culturelle et un terrain d’expérimentation particulièrement fertile.

Mais c’est surtout dans l’univers de la danse que Gérard Violette s’est illustré, ayant fait du Théâtre de la Ville une scène d’envergue nationale et internationale de premier plan. Dénicheur de talents, il fut le premier directeur de grande salle à inviter Pina Bausch après avoir découvert son travail en Allemagne. Il restera fidèle à la chorégraphe qui considérera le Théâtre de la Ville comme le second foyer du Tanztheater de Wupppertal. La liste des danseurs qui s’y succèdent sous son impulsion est digne des plus grands programmateurs mondiaux: Josef Nadj, Angelin Preljocaj, Catherine Diverrès, Anne Teresa De Keersmaeker en passant par Sankai Juku, Jan Fabre, Wim Vandekeybus, Alain Platel, Meg Stuart, Claude Brumachon, Mathilde Monnier, Maguy Marin, Mats Ek, Sasha Waltz, Sidi Larbi Cherkaoui, Emio Greco ou Akram Khan. S’il s’est attaché à promouvoir la danse flamande et plus largement européenne, non sans erreur de jugement parfois, on le connaît surtout pour avoir installé en France les grandes figures de la «post modern dance» américaine, Merce Cunningham, Trisha Brown, Lucinda Childs, Alwin Nikolaïs et Carolyn Carlson. Mise au service d’une forme de danse expérimentale, critique et réflexive, sa passion pour l’art chorégraphique s’est aussi traduite par des exigences d’exclusivité, quelques erreurs de programmation et des personnalités injustement ignorées, mais sa fidélité, son engagement et son audace restent dans tous les esprits comme les marques d’un grand homme des arts de la scène, des arts vivants qui pleurent aujourd’hui leur mort.

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