ÉCHOS
21 Fév 2012

Débat autour de la politique culturelle de Nicolas Sarkozy

PJulie Aminthe
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Le site Nonfiction.fr a organisé une journée d’études sur l’idéologie du sarkozysme le 11 février 2012. Le journaliste et écrivain Frédéric Martel, l’actuel directeur de la radio France Culture Olivier Poivre d’Arvor, et le directeur de l’Odéon-théâtre de l’Europe Olivier Py, bientôt déchu de ses fonctions, se sont interrogés sur la politique culturelle de Nicolas Sarkozy. Retour sur un débat qui en dit long sur monsieur l’hyper-président.

Tout d’abord, le sarkozysme en matière culturelle est aux yeux de Frédéric Martel une idéologie prônant la rupture avec «le catéchisme culturel français».
Les mesures mises en place par l’Elysée, «qui ont provoqué de graves fautes de goût» d’après les mots d’Olivier Poivre d’Arvor, ne répondent donc pas à une stratégie culturelle précise, pensée en amont. Elles sont dues à un seul homme, Nicolas Sarkozy, lequel entretient un rapport extrêmement particulier à la culture française.

Bien que nous puissions, comme le souligne Frédéric Martel, discerner deux sarkozysmes: le premier «très franchouillard», plutôt «beauf», et le second plus intellectuel, admirant par exemple soudainement le travail de Woody Allen, la permanence de certains éléments demeure. En effet, Nicolas Sarkozy, «ni véritablement élitiste, ni véritablement populaire», reste un «partisan de la culture du milieu», qui ne s’apparente pas à la culture pro-divertissement, sans pour autant correspondre à la culture intrinsèquement créative.

Selon Olivier Py, l’idéologie sarkozyste est un «libéralisme anticapitaliste». C’est pourquoi elle défend une conception utilitariste de la culture, considérée comme un capital marchand et social censé conduire à l’accomplissement de soi tout en servant à l’ascension sociale.
Ainsi, déclare Frédéric Martel, l’ère Sarkozy célèbre la «culture du parvenu et du bachotage», laquelle «mènera à la culture Zadig et Voltaire, c’est-à-dire à la confusion entre les œuvres et les marques».

En outre, Olivier Py insiste sur une contradiction majeure: le président de la République n’a pas toujours respecté sa propre idéologie, dit autrement «Sarkozy n’a pas toujours été sarkozyste».
Pour preuve, après avoir mené bataille contre le capital culturel soi-disant orchestré par des politiques culturelles jugées trop élitistes, le seul projet lancé par Nicolas Sarkozy n’est autre que la maison de l’histoire, qui met l’accent sur des valeurs plus capitalistes que libérales comme la mémoire et le patrimoine.
Mais il y a pire: avec la loi Hadopi, constate Olivier Py, le président de la République fait valoir «les intérêts privés» et «la capitalisation culturelle par des marchands d’accès» au détriment de la révolution culturelle défendue par la jeunesse internationale.

Au final, misant sur un nom de gauche, celui de Frédéric Mitterrand, la politique culturelle de Nicolas Sarkozy se constitue essentiellement de bagarres internes qui ne répondent en rien aux besoins de la Culture avec un grand C.

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