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Death to the Archers

PPierre-Évariste Douaire
@12 Jan 2008

Pour sa première exposition personnelle en France, Simon Willems propose, sous le signe de l’apparition, une mécanique qui consiste à faire sourdre de la toile un motif, ou à l’inverse à faire plonger le spectateur dans le tableau. Au risque que cela se transforme en procédé voire en systématisme.

La première exposition personnelle de Simon Willems en France s’ouvre sous le signe de l’apparition. Un jeu entre le premier et le second plan s’opère dans toutes les toiles. Le détachement entre les deux parties du tableau est significatif. Le décalage, dans Icontinent Lover, entre le fond neutre et le tronc d’arbre représenté est évident, seul une souche est visible au milieu de la toile. Comme pour une esquisse préparatoire, la souche apparaît sans nécessité ni besoin apparent. Dans No Remedy Can Cure Old Ills, c’est la perspective atmosphérique qui est employée, elle consiste à opposer des tons entre-eux, l’œil se dirige vers le centre de la toile car il est guidé par des couleurs qui s’éclaircissent.
Projeter le motif aux yeux du spectateur ou au contraire le plonger dans la toile aboutit à le prendre par la main. Le contraste peut s’opérer entre les différences des matières entre elles. L’utilisation fréquente du lissé s’accompagne d’une partie laissée volontairement informe et très compacte. Ces petites touches de crotte de peinture se fondent pourtant dans le paysage pittoresque. C’est après un examen attentif du tableau que l’on aperçoit ces petites monticules chromatiques.

Cette mécanique qui consiste à faire sourdre de la toile un motif, ou à l’inverse à faire plonger le spectateur dans le tableau, est ce qui donne son cachet aux différentes toiles. On peut craindre toutefois que cette coquetterie s’épuise et se transforme en procédé voire en systématisme. Les effets de glacis comme les tons rosés hésitent entre l’ironie et un kitsch involontaire. Cette couleur rose bonbon est aussi appétissante qu’elle peut se révéler vite écœurante.

Le choix des couleurs se conjugue avec le sujet des tableaux, c’est-à-dire avec toute son indigence champêtre. Les scènes représentées sont pittoresques, ce sont des souches d’arbres, des feuillages qui laissent apparaître des ruines ou la fenêtre d’une maison vaporeuse. Elles peuvent évoquer l’histoire de l’art, comme Death to the Archers qui n’est pas sans rappeler La Pie de Monet. Le choix des couleurs comme les thèmes abordés donnent à voir une peinture simplifiée, une peinture consommable, une peinture de masse comme l’est la peinture impressionniste. On a parfois l’impression d’être devant ces tableaux pour touriste qui représentent des paysages de Provence avec ses champs de lavande.

Les techniques d’apparition et la facture pompière ne doivent pas faire oublier l’intention ironique du peintre. Mais quand ce dernier veut utiliser un « humour » qui « se moque du spectateur », il n’utilise pas des arguments picturaux mais le titre du tableau pour contredire, railler, le sujet peint. L’ironie n’est pas picturale, elle se trouve hors champ. Le reproche à adresser à Willems serait de manquer de force dans ses convictions, de ne pas aller au bout de son idée et d’être en fin de compte trop timide.

Simon Willems :
Death to the Archers, 2001. Huile sur bois.
Nature is a Language, Can’t You Read, 2001. Huile sur bois. 165 x 210 cm.
No Remedy Can Cure Old Ills, 2001. Huile sur bois. 122 x 157 cm.
Icontinent Lover, 2001. Huile sur bois. 113 x 147 cm.
Bouquet, 2001. Huile sur bois. 35 x 50 cm.
Anchor, 2001. Huile sur bois. 22 x 30 cm.
General English Statument. Huile sur bois. 22 x 30 cm.

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