ART

De labore solis

PMoïra Dalant
@04 Oct 2011

Avec De Labore Solis, Luca Francesconi interroge le caractère sacré de l’espace, ses vides et ses pleins, dans son rapport au temps et aux éléments qu’il renferme : nature, artefact, art.

A l’entrée de la galerie, Sculpture dans un champ de blé symbolise le brin de blé de la plaine du Po associé aux allégories schématiques du cosmos (par le disque de laiton). On entre alors dans l’exposition comme on entre dans un champ en labeur, où le blé croît et sèche et redevient graine pour reprendre le cycle des moissons l’année suivante. La rouille qui recouvre la sculpture de fer nous plonge très précisément dans cette thématique du temps qui passe et use les éléments qu’il touche.

Luca Francesconi explique que le mot «Labore» du titre d’exposition «De Labore Solis» signifie en italien travail mais aussi fatigue. Ici chaque sculpture et installation rappellent le champ sémantique de l’engagement physique et mental dans l’épopée humaine face à l’usure et à la fatigue du temps.
L’artiste engage une discussion entre les divers éléments exposés, il rythme les espaces de vides, les entoure d’un noir nuit indéterminé peuplé de disques solaires, rappelant ainsi que tout élément nécessite un espace — un vide — pour exister.

L’espace de Luca Francesconi est cyclique. Tel le temps, l’exposition offre une promenade spatio-temporelle entre l’Antiquité gréco-romaine et la ruralité contemporaine de la plaine du Po. L’installation Soleil total rassemble ainsi divers éléments récurrents dans l’exposition: des urnes funéraires comme clin d’œil sur l’Antiquité romaine, des brins de blé et des citrouilles séchés, des disques «solaires» en laiton ainsi qu’une obélisque cachée derrière l’ensemble.

Soleil total est une promenade rurale à travers l’histoire, mais aussi une promenade métaphysique qui interroge le cycle vital des éléments qui nous entourent. Le fruit citrouille pousse de la graine avant de sécher et de redevenir graine, elle est ainsi à l’image de l’utérus, creux et plein à la fois.

La Rosa Mistica, ou quartz mystique cerclé dans une sculpture de bassin féminin en bronze, trône au centre de l’exposition, telle une Gaya moderne, la déesse-mère qui enfante le divin et le trivial, le vide et le trop plein. Elle offre une verticalité à l’ensemble de l’exposition qui, exposant ses éléments à même le sol, se lit finalement comme une nature morte à travers laquelle le visiteur déambule.

Å’uvres
— Luca Francesconi, Sculpture dans le champ de blé, 2011. Fer rouillé, laiton.
— Luca Francesconi, Soleil total, 2011. Laiton, sorgho, citrouille, marbre de Belgique. Dimensions variables.
— Luca Francesconi, Rosa Mistica, 2011. Marbre de Belgique, quartz, socle en fer. 154 x 40 x 40 cm.
— Luca Francesconi, Ange majeur, 2011. Bronze, laiton. 160 x 45 x 45 cm.

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