ART | CRITIQUE

Days Become Nights

PNicolas Bauche
@11 Mar 2008

Quand les Days become Nights, la peinture prend une teinte ombrée, presque tragique, donnant une dimension mystérieuse aux œuvres de trois peintres à suivre, Adrian Chenie, Ciprian Muresan et Serban Savu. Un ensemble d’une cohérence sidérante, un peu comme s’il n’y avait qu’un seul artiste qui peignait et non trois.

En musique, on parlerait d’un trio en parfait accord : Adrian Chenie, Ciprian Muresan et Serban Savu semblent jouer la même partition sans se marcher sur les pieds. Exposés chez Ghislaine Hussenot, les trois artistes nous livrent une série d’huiles aux teintes étrangement tristes, qui mordent toujours un peu sur l’ocre.
Days become Nights est ainsi un ensemble d’une cohérence sidérante, un peu comme s’il n’y avait qu’un seul artiste qui peignait et non trois. C’est peut-être pour entretenir cette illusion que la galeriste parisienne a choisi de présenter au public une vidéo montrant un plasticien (lequel au fait ?) au travail. De dos, brossant des ensembles encore mouvants.

Sept tableaux et pas un de plus : voilà en quoi consiste Days become Nights. Le format est volontairement «à taille humaine», rien de démentiel. On ne peut pas s’empêcher de voir là un paradoxe tant les œuvres présentées jouent avec une certaine dysmorphie picturale. Adrian Chenie, Ciprian Muresan et Serban Savu peignent des corps qui s’embrassent pour mieux se déformer, des individus de dos, des ombres qui portent leur spleen sur la matière picturale.

Un quatuor d’individus en short assis sur des marches en bordure d’un cours d’eau : une part de l’herbe accroche la lumière mais, tout le tableau  est maintenu dans l’ombre comme si un nuage planait au dessus de leurs têtes. Les artistes préfèrent les colonnes de fumée en rase campagne, les chemins boueux lavés par les intempéries au portrait d’humains.
Ici, un couple s’éloigne dans un paysage qui l’écrase. Là, un homme (un soldat ?) a le visage déformé alors qu’il en approche sa main, comme si le corps à corps nuisait à la visibilité des lignes. Quand la nuit mord sur le jour, la vue se bruille, comme la peinture de ses trois artistes de talent.

Adrian Ghenie
— The kiss, 2007. Huile sur toile. 50 x 56,5 cm
— Hunger, 2008. Huile sur toile. 30,5 x 40 cm
— Malevitch design for a crematory, 2008. Huile sur toile. 62,5 x 125 cm

Ciprian Muresan
— Untitled (Soldiers), 2007. 2 ink jest prints. 60 x 40 cm
— The familly, 2008. Crayon sur papier. 50 x 35 cm
— Untitled (shoes), 2006. Vidéo DVD
— Untitled (Caucesco), 2008. Vidéo DVD

Serban Savu
— Nostalgia, 2007. Huile sur toile. 25 x 35 cm
— Untitled, 2007. Huile sur toile. 79,5 x 70 cm
— Untitled, 2007. Huile sur toile. 37,5 x 50 cm
— Another Sunday, 2007. Huile sur toile.120 x 105 cm

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