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Dark Knees (1969-2012)

27 Sep - 08 Déc 2013
Vernissage le 26 Sep 2013

Arpentant les rues de Wilkes-Barre, Mark Cohen capture, ou plutôt prélève, des fragments de gestes, postures ou corps. En coupant et sculptant ainsi dans l’épaisseur du monde, sa photographie impose par touches successives une vision kafkaïenne, impitoyable et poétique, d’un territoire avec lequel il fait corps. Une vision de l’intérieur.

Mark Cohen
Dark Knees (1969-2012)

Mark Cohen est né en 1943 à Wilkes-Barre, petite ville minière de Pennsylvanie. Au début des années 70, tout en s’inscrivant dans la droite ligne de la «Street photography», genre dominant de la photographie américaine à cette période, il invente une écriture singulière marquée par un agencement fulgurant des lignes et, au même moment, une saisie instinctive de la qualité organique, sculpturale des formes.

Dans son atelier, se font face deux photographies: l’une de la période surréaliste d’Henri Cartier-Bresson et l’autre d’Aaron Siskind. On retrouve la géométrie élégante de l’un et la plénitude aride de l’autre dans l’œuvre de Mark Cohen, exposée par John Szarkowski au MoMA dès 1973.

Arpentant inlassablement depuis quarante ans les rues de sa ville natale et de ses environs, Mark Cohen capture, ou plutôt prélève, des fragments de gestes, postures ou corps. Dans ses images, de nombreux torses sans visage, des enfants souriants, complices mais aussi effroyablement vulnérables, des jambes aux lignes furtives, des manteaux comme des armures. En coupant et sculptant ainsi dans l’épaisseur du monde, la photographie de Mark Cohen impose par touches successives une vision kafkaïenne, impitoyable et poétique, d’un territoire avec lequel il fait corps. Une vision de l’intérieur.

Cet ensemble remarquable, construit le plus souvent sans viser — l’appareil photo tenu à bout de bras — repose sur des impulsions de quelques fractions de seconde. Parfois éblouies par la lumière artificielle d’un flash, ces visions distillent une inquiétante étrangeté. Les corps semblent mal à l’aise, menacés, perdus, trop hilares ou réduits à leur dimension érotique. Les objets communs apparaissent isolés, mystérieux, menaçants. Le déclin de la petite ville minière est bien là, dans les arrières-cours, aux arrêts de bus, sous les porches mais la quête de Mark Cohen est dénuée d’intention documentaire. Répétitif jusqu’à l’obsession, il ne sait ni ce qu’il cherche ni pourquoi il est venu, mu par la beauté d’une rencontre fortuite, par les tourments ou délices qu’il devine dans la substance de l’autre.

Il y a dans la brutalité de son œil, une âpreté, une énergie nerveuse, une équivoque et une grâce qui font de l’acte de photographier l’expression d’une révélation.

Vernissage
Jeudi 26 septembre 2013

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