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Géopolitique de l’oubli

05 Juin - 23 Sep 2018
Vernissage le 04 Juin 2018 à partir de 18:00

En 2018, la Programmation Satellite 11 du Jeu de Paume développe le thème "Novlangue_" (en référence au 1984 de George Orwell). Deuxième volet du programme, l'exposition "Géopolitique de l'oubli", de Daphné Le Sergent, documente le conflit linguistique entre deux sociétés imaginaires, les Sum et les May.

Dans le cadre de sa Programmation Satellite 11, le Jeu de Paume présente « Géopolitique de l’oubli« , de Daphné Le Sergent. Une exposition en forme de dystopie langagière. Soit la mise en scène d’un monde contre-utopique. Sous forme de fragments de textes, dessins, vidéos et photos, Daphné Le Sergent documente les efforts de deux sociétés fictionnelles, dans la création d’un langage commun. Une présentation qui mobilise agencements et spatialisations d’éléments. Pour des mises en relations de documents qui ne sont pas sans rappeler les appels de Gilles Deleuze et Félix Guattari à faire rhizome. Avant de pénétrer plus avant dans cette « Géopolitique de l’oubli », il convient ici d’en présenter le contexte. À savoir la Programmation Satellite. Chaque année, le Jeu de Paume demande à un-e commissaire d’exposition indépendant-e de développer une proposition coproduite à trois lieux. 2018 est ainsi placée sous le signe de la « Novlangue_ » d’Agnès Violeau.

Programmation Satellite 11 : « Novlangue_ » d’Agnès Violeau, le pouvoir des mots

D’abord présentée au Jeu de Paume, l’exposition se déplacera ensuite au CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux, ainsi qu’au Musée Amparo de Puebla (Mexique). Hommage à la dystopie littéraire 1984, de George Orwell, la novlangue y désigne le langage issu du remaniement linguistique imposé par l’État totalitaire. Soit une simplification de la langue, passant notamment par la suppression de certains mots (honneur, justice, moralité, démocratie, science, religion…). Une liquidation de mots et concepts s’accompagnant de remaniements logiques : « La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. L’ignorance, c’est la force. » À l’heure des fake news et autres faits alternatifs tandis que les informations qui modèlent les représentations collectives ne transitent presque que par internet , la « Novlangue_ » d’Agnès Violeau vient explorer le phénomène des remaniements linguistiques qui accompagnent ces mutations technologiques. De néologismes (Brexit, Frexit, réflaxion…) en compressions (les deux-cent-quatre-vingts caractères de Twitter).

Exposition « Géopolitique de l’oubli » de Daphné Le Sergent : une fiction linguistique

Pour « Novlangue_ », Agnès Violeau aura ainsi convié trois artistes. Après Damir Očko, et avant Alejandro Cesarco, voici « Géopolitique de l’oubli » de Daphné Le Sergent. Née en Corée du Sud et jouissant d’une double culture, Daphné Le Sergent met ici en scène la rencontre entre deux cultures linguistiques fictionnelles. Les Sum et les May. Dans le prolongement de l’écriture cunéiforme sumérienne, les Sum cultivent ainsi une écriture mémorielle, dans la droite ligne des livres de comptes. Tandis que s’inscrivant dans la filiation de l’écriture maya, celle des May s’enracine dans la transcription du mouvement des planètes. Soit une dynamique prédictive. Et dans un contexte mi-actuel mi-fictif d’externalisation de la mémoire (dans le cloud-nuage des data centers), « Géopolitique de l’oubli » met en scène une battle de signes, entre les May et les Sum. Pour une exposition explorant, par la fiction, les pouvoirs et fonctions de la langue.

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