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Danger Zone

Actes du colloque « Aux lisières de la ville » tenus en 2001 à Ivry, autour de l’œuvre d’Anne et Patrick Poirier. Une réflexion mêlant artistes, anthropologue, architectes, urbanistes sur les périphéries urbaines et la manière dont se constitue et s’étend la ville (banlieue, rues, ruine…).

— Auteurs : sous la direction d’Anne et Patrick Poirier : Madeleine Van Doren, David Leclerc, Marc Augé, Jean-Loup Gourdon, Christophe Le Gac
— Éditeurs : Centre d’art d’Ivry, Ivry-sur-Seine / Yellow now, Crisnée
— Année : 2002
— Format : 12 x 17 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 108
— Langue : français
— ISBN : 2-87340-169-9
— Prix : non précisé

Introduction
par Madeleine Van Doren

Le Centre d’art d’Ivry, à Ivry-sur-Seine, propose assez régulièrement la rencontre de très jeunes artistes avec des artistes confirmés, qui marquent notre temps et qu’il est bon de rappeler au regard du public.
Ainsi Anne et Patrick Poirier y ont exposé, en octobre 2001, leur pièce Danger Zone, support du colloque « Aux lisières de la ville », dont cette publication constitue les actes. Leur proposition artistique nous a permis de réunir quelques-uns de ceux qui, comme eux, s’intéressent à l’évolution de la ville et plus particulièrement de ses lisières.

Si les grandes villes dans leur centre restent souvent arrêtées dans leur urbanisme et leur architecture, mis à part quelques beaux exemples d’innovation architecturale, à grande échelle pour les bâtiments de prestige, à petite échelle pour les logements sociaux, c’est finalement à leur périphérie que les grandes mutations se sont opérées depuis la fin du XIXe siècle. Et même si le mot banlieues est souvent prononcé avec mépris ou condescendance, il est urgent d’évaluer ce qui a fait, malgré les chaos économiques puis sociaux qu’elles ont connus, la richesse de leurs énergies, leur capacité à résoudre des problèmes (même maladroitement) comme aucun cœur de grande ville n’a été amené à le faire. On peut d’ailleurs se poser actuellement la question de savoir, à propos du cœur des villes, qui fait vivre qui ?

Ivry est particulièrement sensible aux problèmes d’architecture, entre autres depuis la rénovation du centre-ville, dans les années soixante-dix, par l’architecte Jean Renaudie, qui a suscité de nombreuses questions. Doit-on peindre ? Ne doit-on pas peindre ? Que faire maintenant d’un certain nombre de fonctions du centre Jeanne-Hachette ? Doit-on laisser périr ? Doit-on rénover ? À quelles nouvelles fins doit-on l’utiliser ?
Questions en permanence brûlantes…
On travaille et on vit aujourd’hui à Ivry. La rue couverte conçue par Jean Renaudie, la passerelle qui enjambe la voie Gosnat, n’est pas aussi efficace qu’une rue avec des trottoirs, de la circulation, du mouvement. Mais l’implantation d’un hypermarché avec trois niveaux de boutiques n’a rien fait de mieux que de substituer une utopie à une autre.

C’est dans ce contexte, et en écho à l’installation d’Exotica, qu’Anne et Patrick Poirier et Marc Augé posent d’emblée la question des ruines, du romantisme des ruines, de la persistance même de ruines, et que Jean-Louis Gourdon s’interroge sur la rue, ce qu’elle est, ce qu’elle a été, ce qu’elle pourrait devenir ou redevenir. Et cette interrogation pourrait, à elle seule, constituer le thème d’un colloque.
David Leclercq évoque la mémoire en architecture et le respect des ruines, quelles qu’elles soient.
Christophe Le Gac, enfin, propose quelques exemples d’artistes qui questionnent la ville dans leurs œuvres.

(Texte publié avec l’aimable autorisation du centre d’art d’Ivry)

Les auteurs
Madeleine Van Doren est commissaire de l’exposition « Danger Zone » au Centre d’art d’Ivry à Ivry-sur-Seine.
Anne et Patrick Poirier : Anne est née en 1941 à Marseille, Patrick en 1942 à Nantes. Ils vivent à Ivry.
David Leclerc est architecte, enseignant et critique. Il a travaillé notamment avec Jean Nouvel et Franck Gehry. Il a construit en France, en Italie et aux États-Unis, où il a été correspondant de la revue L’Architecture d’aujourd’hui, à Los Angeles. Il est l’auteur de nombreux essais The Cave and the Tent : an Introduction to Schindlers Domestic Architecture (Kenchiku Bunka, 1999).
Marc Augé est anthropologue. Il a présidé l’École des hautes études en sciences sociales de 1985 à 1995. Directeur de recherches à l’ORSTOM jusqu’en 1970, puis directeur d’études à l’EHESS, il a effectué de nombreuses missions en Afrique, principalement en Côte d’Ivoire et au Togo. Depuis le milieu des années 1980, il a diversifié ses champs d’observation, effectuant notamment plusieurs séjours en Amérique latine et essayant d’observer les réalités du monde contemporain dans son environnement le plus immédiat (Paris, la France). Il est l’auteur, notamment, de Génie du paganisme (Gallimard, 1982), Non-Lieux (Seuil, 1992), et Fictions fin de siècle (Fayard, 2000).
Jean-Loup Gourdon est chercheur, a mené des recherches sur l’aménagement urbain, la promotion immobilière, l’enseignement (Paris VIII Vincennes, Cycle supérieur d’architecture et d’urbanisme de Sciences politiques), la recherche urbaine… Il est l’auteur de nombreux articles dans Urbanisme, Metropolis, Étudesfonctères, le Moniteur, le Monde, Libération… et de livres, comme La Rue. Essai sur l’économie de la forme urbaine (Éditions de l’aube, 2001).
Christophe Le Gac est architecte et enseignant à l’école des beaux-arts d’Angers. Il vient de créer, avec Marc Sautereau (directeur de la libraire en ligne Bookstorming), le mensuel Archistorm, après avoir été rédacteur en chef et directeur artistique de Parpaings (Éditions Jean-Michel Place).