ART | CRITIQUE

Dan Walsh

PMarie-Jeanne Caprasse
@30 Avr 2013

Nouvel accrochage du peintre américain Dan Walsh. Cet héritier de la tradition américaine minimale et géométrique, n’a de cesse d’interroger les mécanismes de la perception. Il organise, superpose et juxtapose des formes, habitant et investissant l’espace de la toile, dans un renouvellement à chaque fois singulier.

Six grandes toiles de même format sont étrangement accrochées près du sol. Le corps du spectateur fait l’expérience de ces compositions spatiales attirées vers la terre comme par une gravité qui témoignerait du poids conséquent de l’objet. Et pourtant, ces assemblages de motifs géométriques se caractérisent par une légèreté, dans la forme comme dans la technique.

Walsh se considère comme un peintre de l’espace rétinien. Descendant direct du courant minimaliste américain, il cultive une démarche visant à atteindre une pureté visuelle, avec cependant une fragilité et une subjectivité liée à sa manière d’appliquer les motifs, à main levée. Donc avec des imperfections de la ligne, des variations infimes dans la répétition.

Pour l’ensemble des toiles présentées ici, il part d’un motif de base fait au crayon: une grille toute simple divisant la surface de la toile en autant de petits carrés. A partir de ce quadrillage, il dispose des formes colorées, répétées et alternées, dont l’assemblage donne naissance à une sorte d’espace mental occupant la surface de la toile.

Cet art optique évoque certes un univers graphique et technologique aux couleurs des années 70, mais il peut aussi transporter le spectateur vers des sensations et des souvenirs davantage liés à des réminiscences personnelles. Certains tableaux y invitent plus que d’autres, comme celui tout en nuances de gris, Zone 2013. Le contour des formes se fait plus flou, diffus, stimulant ainsi des évocations atmosphériques et non plus uniquement graphiques.
On retrouve alors la même vibration interne que celle qui émane des aquarelles de Paul Klee. Ici, comme dans Saffron 2013, le peintre joue sur la répétition de formes monochromes et transparentes qui s’imbriquent les unes dans les autres et suggèrent une profondeur liée aux variations d’intensité de la couleur.

Walsh est avant tout intéressé par l’interrogation des mécanismes de perception et l’accomplissement d’un processus de création qui se fixe dans une forme. Il concentre dans des motifs et des structures, l’esprit du peintre et sa vision qui deviennent un territoire à explorer pour le spectateur en même temps qu’il témoigne d’un processus de création.

En résulte des compositions à l’effet choral où les éléments se répondent et s’unissent pour créer un espace pictural bien identifié. Son travail témoigne d’une grande diversité de recherche qui offre une variété de propositions et laisse la porte ouverte à la surprise et à la réflexion sur la multiplicité des expériences plastiques et optiques que peut encore nous offrir la peinture géométrique.

AUTRES EVENEMENTS ART