ART | CRITIQUE

Dan Graham

PMuriel Denet
@12 Jan 2008

Dan Graham présente un pavillon d’une flagrante inutilité fonctionnelle: un couloir, obtenu par la juxtaposition de deux parois miroitantes en forme de 2, posées tête-bêche, parties concaves à l’extérieur…

Il y a incontestablement une actualité parisienne Dan Graham. L’artiste qui, dès les années soixante, critiquait l’autonomie d’un art coupé de la vie, à force de performances, d’installations interactives, ou d’interventions dans la presse, était présent le 6 février au Centre Pompidou, pour présenter son fameux film-collage Rock My Religion — «un échantillonnage avant l’heure», précisait-il, ce soir-là —, qui télescope les dimensions sociales de la religion et de la musique pop, comme succédanés de liberté et d’émancipation.

Depuis le début des années 80, insérer l’art dans la vie a pris la forme de pavillons qui tiennent à la fois de la sculpture et du mobilier urbain. Détournant les matériaux de l’architecture de bureaux, où transparence et surveillance vont de pair, leur structure métallique modèle des parois de verre plus ou moins opaque et réfléchissant.
Dan Graham vient d’en déposer deux à Paris : l’un, circulaire, porte de Versailles, sur le trajet du tramway inauguré le 14 décembre dernier, et l’autre chez Marian Goodman, dont l’inutilité fonctionnelle est encore plus flagrante en galerie.

Il s’agit d’un couloir, obtenu par la juxtaposition de deux parois miroitantes en forme de 2, posées tête-bêche, parties concaves à l’extérieur.
Traversé, il impose une déviation légèrement zigzagante à une trajectoire rectiligne. Longé, il élargit le reflet, qui semble plus véloce que le passant lui-même. Un élément perturbateur, en somme, qui imprime des distorsions, trouble le déplacement et ses vitesses, brouille les notions d’intérieur et d’extérieur.
Ce sont ces expériences, souvent ludiques, dans et autour de plusieurs des réalisations récentes de l’artiste, qui sont documentées par quelques vidéos visibles au sous-sol. Une exposition étape pour un artiste toujours en verve.

Dan Graham
— Mannerism/Rococo, 2007. Miroir Sans Tain, Inox. 240 x 330 x 720 cm.
— Pavillon Yin/Yang, 1997-2002. Vidéo.
— Waterloo Sunset, 2002-2003. Vidéo.
— Double Exposure, 1995-2003. Vidéo.

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