ART | EXPO

Dan Flavin

09 Juin - 08 Oct 2006

Pour la première fois en France, le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris présente une rétrospective de Dan Flavin (1933-1996), concrétisation d’un projet de longue date qui n’aura pu aboutir du vivant de l’artiste. L’exposition présente quelques cinquante œuvres et soixante dessins.

Dan Flavin
Dan Flavin

Ayant d’abord beaucoup pratiqué le dessin et réalisé des collages et des petites sculptures à partir d’objets trouvés, Dan Flavin découvre très vite son moyen d’expression fondamental : la lumière.

1961 voit ainsi l’apparition des icônes, volumes peints surmontés ou barrés en diagonale d’un petit tube fluorescent ou entouré d’une ou plusieurs ampoules. Une des dernières, icon IV (the pure land)(to David John Flavin [1933-1962]), 1962-1969, dédiée à son jumeau David mort prématurément, annonce par sa blancheur et sa simplicité formelle les développements à venir.

1963 marque une étape importante dans l’œuvre de Dan Flavin. Cette année apparaît la première œuvre constituée uniquement d’un tube fluorescent, la diagonal of personal ecstasy intitulée par la suite the diagonal of May 25, 1963 (to Constantin Brancusi. Flavin avait en effet l’habitude de dédier ses œuvres (artistes, galeristes, collectionneurs, personnalités, amis).

D’emblée, ce geste décisif pose les bases de sa démarche : l’utilisation de matériel industriel aux formes simples, trouvé dans le commerce, de quatre longueurs standard et en neuf couleurs. A partir de ce vocabulaire élémentaire et restreint, Dan Flavin élabore, dans l’esprit du minimalisme dont il sera avec Donald Judd un des fondateurs, un système de configurations diverses : au sol, au mur, au plafond, dans un angle, en barrière, en corridor, fondé sur la répétition induite par la référence à la segmentation de la «Colonne sans fin» de Brancusi et la relation étroite avec l’architecture. Flavin parlait d’«art situationnel», ses installations étant étroitement dépendantes du contexte architectural dans lequel elles étaient présentées.

Paradoxalement cette simplicité prosaïque du dispositif va produire des œuvres d’une rare intensité émotionnelle, à la fois sensibles et distanciées, immatérielles et tangibles. Très vite Dan Flavin comprend combien l’espace et la perception du spectateur peuvent être transformés par la puissance et la dynamique de son outil, à la fois lumière et couleur.

Aussi singulière soit-elle, la démarche de Flavin s’inscrit dans la continuité de la peinture et de la sculpture «modernes », empruntant à ces deux disciplines leur efficacité visuelle et leur pouvoir évocateur.

Les ready made de Marcel Duchamp, l’art de Barnett Newman et de peintres tels Frank Stella ou Morris Louis, et bien sûr de Donald Judd (et sa définition d’objets spécifiques) ont permis à Dan Flavin de penser sa démarche en termes de matérialité, d’objet autonome, d’absence d’illusionnisme et de subjectivité.

Quoique Dan Flavin ait toujours réfuté une interprétation spirituelle ou transcendantale de son œuvre, arguant de sa seule présence factuelle, son art provoque une expérience inédite et inégalée de l’espace, mobilisant la sensibilité la plus aiguë du spectateur immergé physiquement et mentalement dans la magie et la somptuosité de la lumière/couleur.

Commissaires
Béatrice Parent et Odile Burluraux

 

AUTRES EVENEMENTS ART