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Damoisie

PMarguerite Pilven
@12 Jan 2008

Sandrine Pelletier s’approprie des objets familiers qu’elle prélève du monde suranné des grands-mères, d’autant mieux qu’elle manie à merveille la broderie et le crochet. Mais le fil qu’elle tire la rapprocherait plutôt de ces ouvrières tisseuses que sont les araignées…

Diplômée de l’école cantonale de Lausanne (ECAL), Sandrine Pelletier a participé en 2003 à l’exposition Signes des écoles d’art organisée par le Centre Georges Pompidou. Elle y exposait dans un intérieur anglais typiquement cosy et reconstitué par ses soins des broderies représentant des wild boys, adolescents issus du milieu ouvrier anglais que le désœuvrement conduit à organiser de sanglants combats derrière la maison de leurs parents.
En plaçant les images brodées de ces acteurs et de leurs combats dans des cadres dorés, au dessus du lit ou de la cheminée, l’artiste faisait entrer comme par effraction dans le salon familial cette réalité brutale.

Sandrine Pelletier poursuit cette réappropriation d’objets familiers, les prélevant cette fois-ci du monde suranné des grands-mères. L’artiste se glisse d’autant mieux dans leur univers qu’elle manie à merveille la broderie et le crochet, mais le fil qu’elle tire la rapprocherait plutôt de ces ouvrières tisseuses que sont les araignées, faisant proliférer leur ouvrage à l’ombre des ménagères.
C’est de façon arachnéenne qu’elle attrape des fragments de réalité pour les jeter en pâture à son imaginaire redoutable. Les caniches, compagnons fidèles comblant le vide affectif de nos grands-mères se convertissent, une fois passés au crible de son humour grinçant, en créatures spectrales et diaboliques tandis qu’un dentier quitte inopinément son antre discret pour aller s’exhiber, fendu par le rire, sur une tapisserie.

La moisissure gangrène également le salon propret de ces dames, qui répand sur les murs sa présence organique inquiétante. Comme par un effet de contamination, les objets alentour se dotent d’une substance corporelle douteuse les travaillant sournoisement. Les tissus prolifèrent en de secrètes métamorphoses dont la tentaculaire Mademoiselle semble être la triomphale éclosion.
Le visiteur est physiquement invité à se joindre à ces jeux de frottements obscènes, qui au lieu de bénéficier d’un traditionnel livre d’or posera confortablement son derrière sur un séduisant portrait brodé de l’artiste pour délivrer ses impressions par téléphone, sur sa messagerie personnelle.

Rien d’étonnant par contre à ce que ces mariages impossibles provoqués par l’artiste entre des univers antinomiques et conférant à chacune des pièces un caractère hybride s’ouvrent à la rencontre du troisième type. Les extra-terrestres sont également de la partie…

— Battlefield 2, 2004. Patchwork de tissus et broderies. 155,5 x 116 cm.
— Canapé d’or, 2005. Patchwork, tissus, velours et broderies. Téléphone vintage avec installation sonore. 94,5 x 86,5 x 44 cm.
— Fruits confits, 2005. Gouache et vernis. 56 x 59,2 x 36 cm.
— Lady Baygon, 2005. Acétate, colle, perles et mouches sur coussin en satin. 21,5 x 29,5 cm.
— Mademoiselle, 2005. Métal, tissu, crochet, pvc, nylon, ouate. 180 x 200 cm.
— Misanthropy, 2005. Broderie sur ouate et tissus. 82 x 68,5 cm.
— Offrandes, 2005. Tissu, ouate, broderie. 150 x 133 cm.
— Pazuzu, 2005. Tissu, broderies et dentelles. 48 x 80 cm.
— Pour maman, 2005. Bois et satin brodé. 83,5 cm.
— Raël pose boutique, 2005. Tissu sérigraphié et socle en bois peint. 124 x 155 cm.
— Sans titre, 2002. Tissu et broderies.
— Ufo attak, 2005. Laiton, broderie et peinture sur tissu. 13,8 x 8,7 x 10,5 cm (1 & 2).
— You’re gonna die, 2005. Tissu, broderie et ouate. 24 x 24 cm.
— Wrestling Mask, 2005. Crochet, polystyrène et vernis. 20 x 38 cm.

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