ART | EXPO

D.C.

10 Avr - 08 Mai 2011
Vernissage le 09 Avr 2011

Les sujets de séduction de Fanette Muxart sont l’essence qui alimente le moteur de son activité. Ils se cachent sur la toile, où elle passe des heures à se perdre pour mieux se retrouver dans les objets qu’elle va ensuite «maquiller». Sous les couches de paillettes et de strass se glissent d’autres peaux, d’autres désirs.

Fanette Muxart
D.C.

Fanette Muxart pose ses valises à OUI le temps d’une exposition. Hôtesse de l’air sur la compagnie de ses désirs, elle voyage de vie en vie pour chacun de ses projets, fantasmant d’autres existences plus glossy peut-être, plus pearly souvent. Elle imagine un Las Vegas de pacotille pour l’exposition «L.V» où les diamants ne brillent plus, figés sous la peinture à l’huile, où les lettres d’or des enseignes lumineuses sont réduites à de petits bibelots scintillant mollement, où même la voix d’Elvis s’est enrayée sous la poussière. Chercheuse d’or pour l’installation Le Parterre de Papier-Cadeaux Sans que le Plafond soit Jaloux, elle joue aussi les Mécano pour sa résidence à Véranda, bleu de travail recouvert de paillettes et caisse à outils débordant de strass. Pour «D.C.», OUI est un garage fantôme et retrouve ses taches d’essences sur le sol, éphémères cette fois puisque la force d’un simple souffle les disperse. L’espace est habité par une présence, celle des chambres de motel vides, celle des déserts où l’horizon ondule sous l’effet de la chaleur, celle des manèges fatigués à l’aube quand la fête est finie, celle des papiers cadeaux qui jonchent le sol les lendemains de Noël, …

«D.C.» comme Dream Catcher. Les mailles du filet se resserrent autour de nos rêves qui ne passeront pas la limite de notre tête, de nos pensées et qui ne viendront jamais se loger dans les courbes de la réalité. Ces désirs, Fanette Muxart les poursuit, les approche souvent, les cristallise parfois, pendant un temps, comme ses dessins où la craie grasse disparaît de la surface brillante d’un seul coup de doigt. «D.C.» c’est aussi une vue du ciel, où d’ici tout semble différent, plus lumineux et parfois plus calme. Ici encore Fanette Muxart imagine un «autre-part», de ceux que l’on abandonne à l’état de fantasme, parce qu’elle sait que ses paillettes seront toujours plus brillantes que les lumières de Las Vegas, que son ciel holographique sera toujours plus shiny que celui de Miami (Me in Paradise) et que chacun de ses dénouements sera toujours plus heureux que ceux des meilleurs Noëls.

«D.C.» parce que chaque exposition est une «petite mort». «D.C.» comme la mort qui rôde à l’image de cette Flight Car recouverte d’aluminium larmé, cette boîte d’or et d’argent où pourrait s’allonger un corps pour s’y assoupir une dernière fois, un lit doré comme une tombe vide découverte par un aventurier malchanceux. Pour «D.C.», les reliefs de la Death Valley ne sont plus que de scintillantes cartes postales prêtes à être vendues aux touristes. Derrière les stores vénitiens, Fanette Muxart nous raconte des histoires de fantôme, des histoires de chamans mystiques dont l’esprit aurait pris possession des lieux où les chiens sauvages hurlent à la tombée du jour. Mais ici rien ne fait vraiment peur, le temps semble s’être suspendu et les cauchemars sont prisonniers de l’attrape rêve. Les héroïnes déchues de la série Top Less sont figées sur le papier Velleda, leurs cris de ralliement ne sont plus qu’un lointain échos sur les murs de OUI et le hurlement du coyote se perd dans un paysage de paillettes; cette fois-ci, ni on ne le verra, ni on ne l’entendra.

Fanette Muxart nous invite à nous perdre, à se laisser aller au bruit du silence et aux lumières du noir, à cette musique de fête au loin à laquelle on ne participe pas, à ces détonations de feux d’artifice qu’on ne trouve pas dans le ciel.

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