ART | EXPO

Crisscross

11 Sep - 30 Oct 2010
Vernissage le 11 Sep 2010

Xylor Jane emploie les mathématiques et la grille pour marquer le passage du temps par des couleurs vives et des rythmes complexes. Les œuvres tendent à se soustraire à la compréhension pour former une tapisserie visuelle de l’absurde et du sublime.

Xylor Jane
Crisscross

La galerie Almine Rech présente une exposition de Xylor Jane, une artiste basée dans le Massachusetts. Mme Jane emploie les mathématiques et la grille pour marquer le passage du temps par des couleurs vives et des rythmes complexes. L’utilisation explicite de motifs amène les œuvres de l’artiste à se soustraire à la compréhension pour former une tapisserie visuelle de l’absurde et du sublime.

Toute notion selon laquelle l’idée crée l’art est anéantie par la pure folie de la machine. Contrairement aux «process artists» tels que Sol LeWitt, les recettes à l’œuvre dans le travail de Mme Jane ne sont destinées qu’à une seule cuisinière. Les tableaux rappellent le projet infini de Roman Opalka et les dates peintes de On Kawara.

L’on pourrait également les comparer aux grilles d’Agnes Martin, avec leurs motifs feutrés et leurs couleurs voilées et abstraites. Les réflexions personnelles de l’artiste se traduisent par des voiles de couleur subtile émanant d’une préoccupation quelque peu maniaque pour les mesures, le symbolisme et la notation. Contempler des motifs instables et atmosphériques est à la fois déconcertant et rassurant pour le spectateur, parce que nous faisons également partie de la vaste vision du monde de Xylor Jane.

«Dans le jargon d’aujourd’hui, l’on pourrait désigner l’œuvre de Xylor Jane comme un mélange des recherches d’Alfred Jensen sur les nombres et motifs anciens, et des systèmes calendaires tracés par la ligne exquise et la sensibilité presque insupportable d’Agnes Martin.

Mais il faudrait ajouter à cette confluence la rigueur particulière que Jane applique à ses peintures, dont les structures sont prédéterminées par le processus complexe de calcul que l’artiste s’impose. Chaque couleur, ligne et point est à sa place en raison de l’exécution délibérée de ces règles.

Et même si la rigueur peut suffire à décrire la structure manifeste de ces œuvres, elle ne peut expliquer comment et pourquoi celles-ci sont créées. Il ne s’agit ni d’explorations exclusives des mathématiques et des systèmes temporels, ni uniquement de figuration personnelle et hermétique.

Ces peintures ont des sources en ce sens qu’elles sont réalisées à partir de séries de dates culturelles et personnelles significatives dans la vie de Jane, et qu’elles reflètent la fascination de l’artiste pour des récits d’expériences de mort imminente: les images du passé qui défilent, la lumière qui rayonne doucement, la sensation de changement et l’intimité du moment. Ces éléments sont intégrés dans son système de nombres, de textures, de couleurs et de motifs, un système qui a autant à voir avec une structure numérique qu’avec la préservation du soi de l’artiste. Ceci n’est nullement une hyperbole.

Pour Xylor Jane, les nombres sont plus que des substrats desquels elle tire des motifs doux ou stridents; ce sont ses collaborateurs, et une effluence vitale. Sinon, comment des œuvres d’origine apparemment mathématique pourraient-elles évoquer des choses telles que l’humour et la vulnérabilité, ou l’obsession et l’amour?

Lorsque l’on regarde ces peintures, on est le plus souvent incapable de saisir simultanément la superposition des séquences de nombres premiers, des palindromes numériques et des règles strictes de coloration. Ce que l’on peut percevoir, par contre, c’est la nécessité absolue et troublante de ces systèmes autant pour son travail que pour Jane elle-même. C’est ce qui leur donne leur cohérence interne. Ce que l’on retire de ces œuvres et ce qui retient tellement notre attention est le sentiment profond de réconfort qui émane de cette cohérence.»

«Crisscross est un ensemble de peintures à l’huile récentes de la série « Via Crucis » que j’ai commencée au printemps 2009. La série est basée sur les quatorze stations du chemin de Croix. Les numéros 2, 5, 11 et 13 traitent spécifiquement de la Croix: le portement de Croix, la crucifixion, et la déposition de Croix.

En 2002 j’ai vu les tableaux de Barnett Newman sur les stations du chemin de Croix au Philadelphia Museum of Art, et j’ai décidé de créer ma propre série. Ces quatre peintures sont les dernières que j’ai réalisées. Elles complètent la série de quatorze tableaux.» Xylor Jane

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