ART | EXPO

Agalmata

25 Sep - 07 Nov 2004
Vernissage le 24 Sep 2004

Une traversée à travers des rideaux de perles pour accéder à des tableaux accrochés au plafond. Les tableaux n’en sont plus, la peinture coule, les formes rebondissent et s’épuisent, le geste sculptural de la peintre s’impose, la préparation des couleurs et leurs précipités s’affirment. Une façon de désorienter l’acte de voir.

Emmanuelle Villard
Agalmata

L’exposition qui se développe sur les deux salles du haut du crédac, engage le spectateur dans un territoire étendu de la pratique picturale. Suivant un itinéraire, un parcours scénographié, Emmanuelle Villard modèle un volume sensible qui se révèle comme une exploration des enjeux de sa peinture. Ici les tableaux n’en sont plus, la peinture coule, les formes rebondissent et s’épuisent, le geste sculptural de la peintre s’impose, la préparation des couleurs et leurs précipités s’affirment…..

De l’autre côté du miroir, voilà peut-être où veut nous mener Emmanuelle Villard. «Agalmata» est une notion complexe qui souligne ce qui est caché à l’intérieur, le trésor que recèle toute enveloppe et le mouvement de projection de désir sur celle-ci. Jouant très exactement avec les limites des salles d’exposition, l’artiste a conçu des rideaux de perles à traverser nécessairement pour qui voudrait voir de la peinture. A hauteur du regard, une cible orange sur fond noir interpelle les esprits à dépasser une lecture traditionnelle, frontale de la peinture. Aller au-delà et se retrouver non pas nez à nez mais sous le poids de la matière. Accrochés au plafond, plusieurs «tableaux» de diamètres différents sont suspendus tels des lampions. Plongés dans des bains de teintes spécifiques et retirés rapidement, ils gardent les traits de leur fabrication. Des coulures, quelques gouttes figées rappellent les lois de la pesanteur et les règles chimiques de leur exécution. L’ensemble de ces modules compose un goutte-à-goutte acidulé de peintures ne laissant découvrir qu’une seule facette. Le spectateur est ainsi amené à une posture particulière pour regarder les œuvres. Dejà en 2002, lors de son exposition au centre d’art de Rennes, la Criée, Emmanuelle Villard avait contraint le visiteur à des postures inhabituelles. La déambulation linéaire n’était pas de mise et Emmanuelle Villard entretenait le spectateur dans un rapport de frustration. En effet elle avait placé des tables au coeur de l’exposition. Le parcours devenait difficile jusqu’aux tableaux.
Dans une seconde partie de l’exposition, cette idée de manque — d’espace, de matière, de recul — est poussée plus loin encore. Composée d’une série de panneaux juxtaposés, Emmanuelle Villard propose une chorégraphie du geste, de l’acte de peindre. En effet, se soumettant à un épuisement à proprement parlé de la matière, les formes inscrites sur les panneaux s’amenuisent au fur et à mesure du temps et de la raréfaction de l’acrylique sur la palette. La lecture suit la progression décroissante des panneaux jusqu’au dernier quasiment immaculé. Cette installation travaille sur un rapport d’échelle déjà expérimenté par Emmanuelle Villard lors de son exposition «Hugs & Kiss» à la galerie Olivier Houg à Lyon. Là-bas des panneaux suspendus formaient un parcours labyrinthique qui découvrait ou masquait des tableaux. Ici les panneaux de mélaminé blancs ne dissimulent rien et amènent au contraire le visiteur à intégrer la logique de construction du travail d’Emmanuelle Villard, sans cesse en réflexion : déjouer un parcours, désorienter l’acte de voir, bousculer les processus de création, proposer un dispositif d’exposition : une «érotisation» de la peinture.

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Muriel Denet sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.

critique

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