ART | EXPO

Country Clic

05 Avr - 01 Juin 2014
Vernissage le 04 Avr 2014

François Curlet développe un corpus où le monde matériel est démantelé, distordu, au travers d’une poésie du quotidien. Il opère une fusion singulière entre art conceptuel, persistances dadaïstes, imagerie pop et rêverie situationniste. Par l’utilisation du glissement ou du détournement, il réinvente en permanence notre environnement naturel et matériel.

François Curlet
Country Clic

François Curlet opère une fusion singulière entre art conceptuel, persistances dadaïstes, imagerie pop et rêverie de type situationniste. Au travers d’une multitude d’outils et de matériaux, l’artiste puise à la fois dans le réel et l’imaginaire, empruntant aux domaines du conte, de la télévision, des échanges économiques et de la communication.

Ces éléments sont soumis à des transformations qui détournent leur fonctionnalité première. Pour effectuer ces glissements, l’artiste utilise divers processus qui produisent des commutations de sens: la discontinuité, l’hypertrophie et la répétition des motifs, les jeux linguistiques ou encore l’effet de présence incongrue.

«Sur le parking du centre commercial les enfants collent leurs museaux sur les vitres des voitures fraîchement parquées, sortes d’apprentis vitriers munis de leurs ventouses naturelles, suçons précoces de la convoitise des consommateurs. Ils sont «ready».

La pièce factice glissée dans le cadenas de la chaine du caddy, la mini-communauté est prête pour son rallye à coup de carte Cofinoga. Une expédition polaire pour l’imaginaire, le centre culturel Leclerc donne le change avec la sélection France loisir et France inter. Tickets d’entrées pour les Zénith affichés à la criée au Velleda: Zwip un coup de peau de chamois, on programme le prochain trimestre. Les vendeuses du rayon électroménager mettent en garde contre les produits chinois, le made in franco-tunisien est conseillé.

Quelques centaines de kilomètres plus loin, une foire, couverte. Une foire d’art avec des stands loués chers et des œuvres fleurant bon l’originalité et l’unicité, ou presque, à trois ou cinq exemplaires près. Les allées sont agrémentées de petits panneaux identifiants les noms des vendeurs, des sortes de têtes de gondoles VIP. Il y a peu d’enfants «ventouseurs» par ici, mais une population habillée dans les mêmes tons, un style magazine international arpentant les allées dans les deux sens.
Les genres varient en fonction de leur pouvoir d’achat. Il y a ceux qui viennent offrir le service persuasion oral sur les objets exposés, les auteurs parfois viennent directement sur le stand et font office de monsieur Å“nologie, les mêmes que l’on trouve dans les sections grands crus des supers Carrefour, le nÅ“ud pap en moins. Parmi les supporters des trentenaires, habillés en direct de Brooklyn: les «hipsters» par procuration. Clients modestes mais diffuseurs de tendance à la façon des abeilles qui pollinisent les pistils en attente nez au vent. Ils communiquent rapidement d‘ailleurs: «Salut toi tu vas bien…J’ai adoré ta pièce.»

Les plus importants dans la mécanique des choix qui se colportent autant par les yeux que les oreilles, sont les «advisers», sortes de doryphores jonglant sur les patates en robe de chambre prêtent à se faire éplucher. Les curateurs sont bien aux rendez-vous aussi et ponctuent le flux régulier des visiteurs. Certains, experts et employés patentés permettent d’articuler des œuvres au travers d’expositions collectives en dessinant des fils imaginaires, proposant une communauté d’esprit spontanée et calculée en même temps. Beaucoup de «wannabe curators» se font passer pour des bergers mais en regardant bien les pattes, les sabots du mouton apparaissent facilement. Ils sont là pour en être et se faire tondre, tout le monde trouve sa place.

Le magnétisme de l’œuvre collective anonyme, le produit industriel, ou individuel, quand il est témoin d’une heureuse chaine d’élaboration due à une recette étrange reste un plaisir, c’est ce qui fait tourner l’ensemble du manège à la base même si dans le feu de l’agitation ce but s’estompe nettement. Des auteurs toujours prêts à se tirer la couverture par manque de signes distinctifs commencent à mordre quand le troupeau se disperse ou se rassemble. Enfoncés dans le présent à force de viser l’avenir le temps est compté en dates de péremption. Une «commedia dell’arte» sans obligation d’avaler la pizza. Un dénominateur commun embroche tous les protagonistes: celui de candidat.»

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