ART | CRITIQUE

Corinne Marchetti

PAnne-Lou Vicente
@12 Jan 2008

L’artiste française Corinne Marchetti présente une série de portraits réalisés les yeux fermés ainsi qu’un ensemble de sculptures à l’effigie d’anti super-héros aussi étranges que drolatiques...

Une fois encore, force est de constater à la vue de l’exposition qu’elle présente actuellement chez Laurent Godin que Corinne Marchetti ne manque pas d’humour…

L’artiste d’origine marseillaise a réalisé, les yeux fermés, une véritable galerie de portraits de célébrités : Pete Doherty, Catherine Deneuve, Sophia Coppola, Gérard Depardieu, Woody Allen, Scarlett Johannson, Charlotte Rampling, Vincent Gallo… Dans cette série précisément intitulée «Les Yeux fermés», les portraits, d’abord dessinés à l’aveugle — certaines épreuves sont présentées sous une vitrine — sont reproduits à plus grande échelle, brodés au fil noir sur une toile écrue, elle-même encadrée sous verre.
Aussi, du fait du caractère particulièrement périlleux du protocole auquel elle recourt, l’artiste se risque-t-elle à (dé)figurer ces nouvelles icônes de la culture pop, en proie à une incessante exposition médiatique.

Nombreux sont les artistes à avoir représenté les stars internationales du cinéma et du show-business à travers leurs œuvres, d’Andy Warhol à Karen Kilimnik, sans parler des photographes qui, à l’instar de l’américaine Annie Leibovitz, en ont fait une spécialité.
Pour sa part, Corinne Marchetti transforme l’exercice du portrait en jeu, à la fois pour l’artiste et pour le spectateur, invité à rendre ces visages difformes à leur propriétaire, aidés par l’inscription du nom de ce dernier, brodé au bas du portrait.

Ainsi, l’artiste revêt d’une certaine monstruosité ces visages emblématiques de la gloire abonnés au papier glacé, sans toutefois verser dans la critique. Elle y jette plutôt un regard amusé et manifeste même une certaine sympathie à l’égard de ces artistes en quelque sorte victimes d’une starisation outrancière reposant sur les médias, notamment ceux à tendance «people», qui rencontrent un succès croissant.

Face à ce mur d’illustres «freaks» se dresse une armée de personnages en trois dimensions bien curieusement parés: Phil Fantome, Elodie Double, Le Garçon un petit peu dangereux, Superéric, Bernard Brèche, Magalie Mystique. Autant de figures de l’anti super-héros, affublées d’accoutrements improbables dignes d’une soirée spécial Halloween. Hauts comme trois pommes, empêtrés dans leurs tenues, les six personnages, présentés sur des piédestals, démystifient le héros et sapent avec humour la «disneysation» de notre époque. Corinne Marchetti nous invite à en rire…

Corinne Marchetti :
— Magalie Mystique, 2006. Sculpture, résine, peinture, cheveux, et tissus. 99 x 75 x 50 cm.
— Le Garçon un petit peu dangereux, 2006. Sculpture, résine, peinture, cheveux, et tissus. 115 x 50 x 50 cm.
— Bernard Brèche, 2006. Sculpture, résine, peinture, cheveux, et tissus. 98 x 50 x 50 cm.
— Phil Fantome, 2006. Sculpture, résine, peinture, cheveux, et tissus. 98 x 50 x 50 cm.
— Elodie Double, 2006. Sculpture, résine, peinture, cheveux, et tissus. 100 x 50 x 50 cm.
— Superéric, 2006. Sculpture, résine, peinture, cheveux, et tissus. 99 x 50 x 50 cm.
— Jean Rochefort, les yeux fermés, 2006. Broderie, métal, bois, plexiglas. 80,5 x 59,5 x 3 cm.
— Jarvis Cocker, les yeux fermés, 2006. Broderie, métal, bois, plexiglas. 64 x 47,5 x 3 cm.
— Scarlett Johansson, les yeux fermés, 2006. Broderie, métal, bois, plexiglas. 100 x 80 x 3 cm.
— Pete Doherty, les yeux fermés, 2006. Broderie, métal, bois, plexiglas. 38 x 30,5 x 3 cm.
— Dormeuse, 2006. Broderie, métal, bois, plexiglas. 56,5 x 66 cm.

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