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Contractions

PPierre-Évariste Douaire
@12 Jan 2008

Peinture-miroir, tableaux-objets fabriqués par la projection d’objets quotidiens sur la toile et par leur répétition-dédoublement selon les axes du tableau.

Georges Eliade propose une peinture-miroir. Avec des formes issues d’un univers banal, avec une économie de moyens et de couleurs, il fabrique des tableaux-objets ayant comme fil directeur une ligne médiane séparatrice. La toile se répète en se dédoublant. Les axes jouent leur rôle de frontière, ils fabriquent des objets énantiomorphes.

Les scènes peintes sont aussi variées qu’un terrain de foot vu du ciel, que l’ombre portée d’un arbre sur l’angle d’un mur, qu’un radiateur oblique, etc. Ces natures mortes sont cadrées par une marge de couleur. Le liseré encercle le motif. À l’intérieur du tableau, la répétition des formes se fait par la répétition du cadre.

La peinture est, ici, une forme finie, autonome qui se suffit à elle-même, elle est sa seule référence, elle est son unique objet de contemplation et d’étude. Les objets arrachés à la réalité deviennent pure peinture, ils sont autant des conceptions mentales que des constructions chromatiques.

La surface devient miroir, elle dresse des plans, présente des vues multiples, projette des ombres. D’un objet unique et plat, elle en tire plusieurs facettes. Le système mis en place fonctionne comme les rubicubes de notre enfance. L’intérêt du jeu provient des promesses combinatoires. Comme dans le casse-têtes, les toiles d’Eliade offrent des mises en abymes, des solutions à la puissance N. Elles ont des entrées et des sorties multiples, tout est simple et compliqué à la fois, on passe du simple au double. La peinture est prise comme une extension, comme une expansion combinatoire. À l’image d’une figure fractale, c’est-à-dire d’une forme se répétant à l’infini, les objets se plient et se déplient dans l’espace circonscrit par le châssis.

Mais ces jeux géométriques simples évoquent plus les arts graphiques que la peinture. L’absence de propos, comme la pauvreté des moyens, laisse le spectateur ivre de peinture, un peu sur sa faim. L’opus est pensé et réalisé dans une froideur calculée. Malgré l’utilisation de couleurs vives, l’ensemble laisse froid. Les toiles se parcourent d’un seul regard, en un clin d’œil ; elles n’offrent pas d’aspérités et ne provoquent pas le mystère. Tout est donné dès la première lecture : les rotations d’objets, les ombres portées, les changements de point de vue ne sont pas assez radicaux pour nous interpeller. Face à cette mécanique graphique, il manque un peu d’huile pour éviter les grincements et les évidences. L’huile de coude est présente, il faut juste désormais y rajouter un peu de peinture.

Georges Eliade
Sans titre, 2003. Huile sur toile. 160 x 145 cm.
Sans titre, 2002. Huile sur toile. 160 x 145 cm.
Sans titre, 2003. Huile sur toile. 180 x 160 cm.
Sans titre, 2002. Huile sur toile. 160 x 145 cm.
Sans titre, 2002. Huile sur toile. 160 x 145 cm.
Sans titre, 2003. Huile sur toile. 160 x 145 cm.
Sans titre, 2002. Huile sur toile. 160 x 145 cm.
Sans titre, 2002. Huile sur toile. 160 x 145 cm.
Sans titre, 2003. Huile sur toile. 180 x 160 cm.

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