ART | VIDÉO

Conte d’amour

02 Fév - 07 Fév 2013
Vernissage le 03 Fév 2013

Partant de l’affaire Josef Fritzl, père incestueux qui séquestra dans sa cave durant vingt quatre ans l’une de ses filles et leurs enfants nés en captivité, Markus Öhrn propose Conte d’amour, une performance filmée qui interroge le voyeurisme du spectateur.

Markus Öhrn
Conte d’amour

Dans Conte d’amour, avec deux caméras, quelques praticables et une bâche plastique, Markus Öhrn nous conduit au seuil de la partie immergée du foyer familial, un cloaque expérimental dans lequel sont enfermés quatre acteurs, à la fois occultés par la bâche et surexposés par la vidéo.
Markus Öhrn l’affirme sans détour: le cas Fritzl est un symptôme aussi monstrueux que grotesque de «l’amour romantique» sur lequel est fondé le modèle familial. Il en révèle cette pulsion de possession exclusive et absolue de l’autre, qui peut aller jusqu’à le nier comme sujet.

«Dans un espace qui nʼa rien dʼun château, des personnages qui ne sont pas des princes charmants ne sillonnent pas les vastes plaines à la recherche de lʼamour.

Sur scène, des bâches transparentes, et derrière ces bâches, des comédiens qui semblent enfermés dans de petits espaces qui font penser à des cabanes de chantier ou à une roulotte assez sommaire. Un canapé clic-clac, des jouets dʼenfants, des repas McDonald… Ils se filment, et les images sont transmises en direct sur deux écrans situés au-dessus. Nous ne voyons jamais les personnages directement, seulement les images projetées sur les deux écrans contigus, filmées selon des angles différents par deux petites caméras quʼils manipulent, mais on peut deviner leurs déplacements à travers le plastique laiteux et épais lorsquʼils sʼapprochent des bâches, et peu à peu une impression dʼenfermement et de claustration se confirme nettement pour évoquer ce fait divers découvert en Autriche, où un père incestueux a séquestré sa fille et leurs enfants nés en captivité dans une minuscule cave.
Conte dʼAmour: une certaine ironie marque la pièce à travers ce titre faussement romantique, en même temps quʼune réflexion sur les liens familiaux et les sentiments qui se développent entre parents et rejetons, ou entre frères et soeurs, quel que soit parfois le contexte sordide ou le degré dʼétouffement. Notre voyeurisme à tous est fortement interrogé dans ces affaires qui éclatent un jour inopinément alors quʼelles étaient cachées aux regards et à la connaissance : nous voulons voir les visages de ces gens, le monstrueux père de famille autoritaire et les enfants qui ont vécu dans un réduit, de cette fille qui nʼa connu de lʼamour que lʼinceste.»

par Valérie Mréjen

Mise en scène, scénographie et vidéo: Markus Öhrn
Texte: Anders Carlsson
Musique: Andreas Catjar
Costumes et accessoires: Pia Aleborg
Lumière, technique: Patrick Tucholski
Photographie: Markus Öhrn
Direction de production: Alexa Graefe
Diffusion: Pamela Schlewinski
Avec: Elmer Bäck, Anders Carlsson, Rasmus Slätis, Jakob Öhrman

Production: Markus Öhrn, Nya Rampen, Institutet
Coproduction: Studiobühne Köln (Cologne), Ballhaus Ost (Berlin), Baltic Circle International Festival (Helsinki), Inkonst (Malmö) avec le soutien du Swedish Arts Council (Kulturrådet), de la Swedish Cultural Foundation en Finlande, de la Swedish-Finnish Cultural Foundation, du Kultur Skåne, du Malmö Culture Committee, du Nordic Culture Point (Kulturkontakt Nord), du Goethe-Institut et de lʼInstitut finlandais

Spectacle créé 14 mai 2010 au Ballhaus Ost, Berlin.
Le spectacle a reçu le Prix de la meilleure production «théâtre – off» lors du Festival «Impulse» de 2011.
Conte d’Amour a été présenté au festival d’Avignon 2012.

Repères biographiques
Markus Öhrn ne vient pas directement du monde du théâtre, mais plutôt de celui de lʼart vidéo. Des affinités électives avec des membres des compagnies Institutet (Suède) et Nya Rampen (Finlande), aujourdʼhui installés comme lui à Berlin, lʼont conduit par effraction vers la scène. Cʼest en effet à leur demande que le plasticien suédois sʼest penché sur lʼorchestration de spectacles aux confins de lʼart dramatique et de la performance.

Vidéaste de formation, Markus Öhrn met en œuvre un langage singulier, dont la puissance évocatrice se passe de mots et réinvente lʼespace scénique par une multiplication des points de vue.
Ensemble, Markus Öhrn et les acteurs exclusivement masculins dʼInstitutet et de
Nya Rampen donnent naissance à des œuvres dérangeantes et iconoclastes qui révèlent lʼinconscient sombre de nos sociétés patriarcales et ont pour ambition de se faire «critique incarnée».
Quʼelles investissent le champ de la culture populaire (série télévisée, chanson pop) ou celui du fait divers, ces pièces bousculent les relations entre le public et les performeurs, à lʼimage de Conte dʼAmour, troisième fruit de leur collaboration, après Ladainha (2006) et Best of Dallas (2007).

Conte dʼAmour est sa première mise en scène pour le théâtre. Il contribue également au projet We love Africa and Africa loves us, en collaboration avec les compagnies Institutet et Nya Rampen.
Markus Öhrn vit et travaille dans un petit village du nord de la Suède, Niskanpää, ainsi quʼà Berlin.

Ils reviennent à Gennevilliers après avoir présenté Conte dʼAmour dans le cadre du festival TJCC en 2011.
Le spectacle a également été présenté en 2012 au Festival dʼAvignon.
Markus Öhrn a par ailleurs mis en scène au T2G le solo de Jan Fabre Étant donnés en novembre 2012.

Informations

Markus Öhrn, Conte d’amour
Spectacle en anglais et allemand, surtitré en français
Du 2 au 7 février 2013
Mardi, jeudi à 19h30
Mercredi, vendredi, samedi à 20h30
Dimanche à 15h
Relâche lundi

 

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