ART | EXPO

Congo Guac

03 Sep - 15 Oct 2011
Vernissage le 03 Sep 2011

La pratique quotidienne du collage de Brian Belott est souvent appliquée au livre dont le caractère est unique: car ce ne sont pas des livres à lire mais des objets fétiches à saisir compulsivement pour se procurer un plaisir esthétique.

Brian Belott
Congo Guac

Chacun de ces livres est le support d’une transposition sur le mode visuel d’une composition «musicale» constituée d’images caractéristiques formant un vocabulaire bien précis — arcs, nuages, avions, planètes — à l’instar de certaines pièces de musique que Brian Belott apprécie particulièrement telle la Symphonie de l’Univers du compositeur Charles Ives où le passé est représenté par la genèse des océans et des montagnes, le présent par la terre, évolution de la nature et de l’humanité, le futur enfin par le ciel, symbole du spirituel. Charles Ives était lui-même un adepte du collage musical: il associait dans une même composition Beethoven, des hymnes religieux et des chansons populaires.

Brian Belott a créé pour la chorégraphe Larissa Velez (avec laquelle il a fréquemment collaboré) trois pièces sur la musique de Charles Ives et plus récemment une pièce vocale pour la «Dark Fair» au Swiss Institute (2008), un extraordinaire collage sonore fait de jingles, de mélodies mais aussi de murmures plus ou moins prononcés, véritable Wordless Chorus rassemblant une trentaine de personnes. Le résultat pourrait paraître anarchique mais comme chez Ives on ressent d’abord une grande liberté, une impression renforcée par son caractère pictural (painterly).

Un compositeur qui le touche beaucoup également est Olivier Messiaen lorsqu’il évoque la nature, le monde, la création, guettant patiemment les chants d’oiseaux pour les noter et les utiliser dans plusieurs de ses œuvres. De lui vient la recherche des rythmes de civilisations lointaines et de cultures extra-européennes. «Je pense souvent à lui, indique Brian Belott, quand j’introduis dans mes peintures et mes collages des instruments de musique (à vent ou à cordes) ou simplement des notes de musique qui semblent traverser l’espace comme des étoiles filantes.» Le jazz constitue aussi une source d’inspiration et de stimulation permanente. Il agit sur lui par imprégnation: «Cela se voit par la manière dont je pose la couleur, confie-t-il encore, en fonction des sonorités de chacune et des accords que je détermine entre ces formes colorées dont certaines peuvent être totalement abstraites.» Ainsi sont nées les «grid paintings», peintures géométriques dont il émane un lointain souvenir des Boogie Woogie de Mondrian, basées elles aussi sur les pulsations lumineuses, mais ici sur un mode pop avec des matériaux divers (papiers métalliques et couleurs luminescentes). D’autres peintures collages apparaissent «plastifiées»: un mode opératoire dérivant de la performance, issu d’une récente collaboration avec Josh Smith, tous deux partageant la passion du livre-collage.

La personnalité et l’œuvre de Brian Belott, étroitement liées, provoquent des résonances multiples. Certaines coïncidences sont frappantes avec Man Ray, le Dada américain, qui revendiquait «le droit de ne pas être utile à la société» propos choquants encore aujourd’hui pour un américain. Brian Belott appartient sans conteste à la confrérie des Radiant boys dont le premier fut sans doute Man Ray — mot à mot: «homme-rayon» et inventeur des premiers rayogrammes. Brian Belott n’a-t-il pas voulu l’évoquer par sa performance Head on Fire, ring the alarm en s’enflammant délibérément les cheveux devant la caméra? Ce n’était pas seulement du cinéma, comme un sketch des Marx Brothers, pour exprimer comme l’avait fait Man Ray en son temps sa conception de l’art considéré comme un acte de liberté pure.

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