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Concrete Stone

L’installation Concrete Stone se compose de trois blocs de gravats posés sur le sol, de parpaings recouverts de plâtre blanc, gisant comme des morceaux de murs effondrés. A l’intérieur de chaque parpaing, un moteur s’anime par intermittence provocant un vacarme d’enfer, faisant trembler le sol, effritant la poudre qui recouvre le tableau quelques mètres derrière.

Rouge et imposant vu de loin, le tableau monochrome vu de prêt apparaît déglingué. Peint à grands coups de fusées de détresse, il tient sa couleur d’un rouge poudreux des fumigènes. Son titre MK 5, est le nom de la fusée de détresse qui a servi à sa réalisation.

Entre les vrombissements de Concrete Stone, le calme revenu semble être celui d’après une catastrophe, où l’on compte les morts, fait le bilan des pertes: un peu plus de poudre sur le sol, un peu plus de miettes de béton à côté des parpaings, plus de gravats. Silence et immobilité s’opposent au bruit, au mouvement, à l’action: l’Å“uvre est faite de moments qu’il faut assembler.

Vincent Ganivet initie des processus. Avec Concrete Stone, il crée un objet, le sort de son inertie, l’anime, et le laisse aller à sa guise quitte à le laisser se détruire, ou plutôt s’étendre et grandir sans contrôle. L’univers de Vincent Ganivet, le béton, le parpaing, c’est le chantier, la construction.

L’accident est ici le préalable nécessaire d’une création qui cherche la modification et l’évolution. Poser l’accident, ou seulement le risque, comme condition de la création, c’est mettre en question l’acte d’agir. L’artiste replace la notion de risque à un autre degré sur l’échelle de la prudence. La norme, en matière de sureté, c’est le principe de précaution: réduire le risque pour préserver de l’accident. Vincent Ganivet inverse les valeurs: il augmente le risque, il provoque des accidents.

Dans les roues et arches, travaux antérieurs de l’artiste, des parpaings en équilibre sont attachés par une sangle et l’accident maintenu par la tension. Pour l’exposition «Opération tonnerre» à Mains d’Å“uvres en 2009, il avait choisi l’excellence de l’accident, le domino, pour réaliser une cascade de parpaings c’est-à-dire une construction qui trouve son sens dans la chute. Une philosophie heureuse de l’action traverse ce travail: agir, c’est assumer le risque comme moteur de création.

Un tableau, grand monochrome rouge, est accroché face à l’entrée de la galerie. Au milieu de la pièce, trois blocs de gravats jonchent le sol; et tout à coup retentit un vacarme de tremblement de terre.