ART | CRITIQUE

Conatus : celui dans la grotte

PSarah Ihler-Meyer
@27 Avr 2009

Avec Conatus : celui dans la grotte, Boris Achour balaie avec ironie l’idée d’une authenticité originelle. Zébrée de couleurs pétaradantes, parsemée de masques et de néons en guise de feux de camps, sa grotte est le royaume des faux semblants et des apparences.

C’est une grotte «pop» que nous propose ici Boris Achour. Juxtaposées les unes au-dessous des autres, des bandes de couleur bleue, verte, jaune et rouge parcourent les murs de la galerie selon un schéma inspiré des coupes géologiques.
Appelées «Stratas», ces couleurs se courbent, se brisent puis remontent indéfiniment le long des cimaises transformées en parois préhistoriques. Du plafond descendent des «Stalactites» en cartons bariolées, tandis qu’au sol quatre pyramides en néons simulent des feux de camps. Enfin, quatre grands masques et des dessins représentant des femmes en train d’uriner sont accrochés aux cimaises.

A l’origine était Conatus, petit nom donné par Boris Achour au désir. Mouvement, perpétuelle évolution, le désir est ce qui toujours investit de nouveaux objets, s’agence en de nouvelles formes. De fait, si l’origine se confond avec le désir, l’idée d’un noyau dur immuable disparaît. Par la même occasion, si le désir est au principe du monde, ce dernier est une continuelle succession d’apparences.

Ainsi loin d’être le lieu de l’authenticité perdue, de l’essence originelle, la grotte de Boris Achour, en tant que gouvernée par Conatus, est le lieu de l’artifice. Entre les masques, les fac-similés de stalactites, de coupes géologiques et de feux de camps, il est clair que le faux domine. Loin d’être le lieu de l’authenticité perdue, de l’essence originelle, la grotte de Boris Achour est le lieu de l’artifice et des apparences.
Cette installation semble être inspirée du discours suivant: nulle essence à chercher derrière les phénomènes, la vérité se confond avec l’apparence. Mieux, la vérité du monde c’est de n’être qu’une succession d’apparences. Aussi, la seule chose que Boris Achour veuille bien considérer comme originelle se trouve dans les dessins accrochés aux murs: l’acte d’uriner.

Sous le signe du factice la grotte de Boris Achour n’en est pas moins gaie: si tout n’est qu’apparences autant s’en réjouir plutôt que de se morfondre. C’est du moins ce que paraissent proférer les couleurs pétaradantes de cette installation mâtiné d’ironie.

Boris Achour
— Conatus : celui dans la grotte, 2009. Technique mixte. Dimensions variables.

AUTRES EVENEMENTS ART