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Collection agnés b.

Nous suivons le désordre prophétique de l’homme du Sud, qui dit sans dire tout en disant. Que voyez-vous dans ces états de monde? Que voyez-vous qui soit commun et partagé? Cela qu’agnès b. nous a enseigné’ avec légèreté! Le grain serré du vêtement de la terre, et l’espace irrépressible que soulèvent les couleurs.

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Collectif
Collection agnés b.

Pour cette fois, nous cheminons au long des crêtes qui mènent du Prècheur à Grand’Rivière, par endroits semées de noix de cajou sur lesquelles vous faites attention de ne pas déraper, mais l’ombre des grands arbres, les acajous, peut-être les mahoganis, est si profonde et légère qu’il vous paraît que vous naviguez en plein éclat. La multiplicité ne s’altère d’aucune disparité des lumières, et les ombres y sont dilatées tout autant aux sommets que dans les fonds. La chaleur brille par noirs moments.

C’est ce que nous appelons la diversité, quand nous voulons approfondir et prolonger en solennité nos pensées, qui autrement courent partout. Mais le plus souvent nous n’y pensons pas, et si nous disons: le Divers, c’est parce que nous savons que dans les plantées d’oranges et de mandarines sur les pentes, entre les relevées bourrées d’eau, vous rencontrez des amertumes inattendues et tant de têtues et sucrées récoltes. Ne craignez pas l’arnerturne, ni ne méprisez ces douceurs.

Les saveurs du monde rôdent et dévalent toute nature fréquente où elle veut, comme elle veut. La bonté sans falbala tourne autour du théâtre le plus sobre (des roses de porcelaine, poussées auprès de trois chutes d’eau), quai-id la pièce est finie, c’est-à-dire quand fatigué d’aller ainsi, vous retournez vos pieds. Ce que nous appelons la bonté, c’est la trace, qui nous permet de ne pas nous perdre dans cette multiplicité, laquelle n’a ni l’arrogance des accumulations sans failles ni la fatuité des désordres. La multiplicité conduit le divers avec cette même secrète patience quirégit à grosses coutures les quilts les plus délicats de nos rêves, Et quand nous nous y perdons, nous errons pourtant de notre lieu à tout autre. C’est imaginer.

Les esprits avertis disent ainsi qu’agnés b. devine, dessine et rassemble, pour les accorder lis imaginaires de nos mondes. Les poétiques indiscernables, si difficiles à exprimer, dont les entournures se joignent pourtant; les vues et les divinations optiques de ce que nous pressentons être l’équivalent du réel, qui est l’équivalent de nos rêveries: des photographies ; l’œil rivé aux profondeurs de la terre, qui en écoute les variations: c’est toute science ; les sillons éclatés des formes, qui régissent le vide et le plein, la matière et son esprit.

Nous pressentons ainsi l’entracernent qu’agnés b. sème alentour, c’est-à-dire, cette recherche de la trace et l’idée aussitôt de la perdre si bellement. Nous suivons à nouveau un chemin de ci-êtes, cette fois-ci entre Le Vauclin et La Trinité, si près si loin de la Montagne Pelée, ou entre Baranquilla et Carthagène, dans la Colombie caraïbe, ou bien entre Eget et la passe qui mène aux Espagnes, Geneviève Gallego y réunit les matériaux de ses sculptures, ou bien sur les hauteurs des Cinque Terre, avec Piva, ou bien dans les nuages d’une pluie insulaire où la maison devient un cap.
Nous aimons ainsi à désigner alentour, sans qu’il soit possible de savoir ce qu’il en est, le sachant cependant. (Edouard Glissant)

Cet ouvrage offre une vue d’ensemble de l’univers artistique d’agnès b. en rassemblant les œuvres majeures de sa collection, de la photographie classique et moderne autour de laquelle elle s’est initialement développée (Brassaï, Arbus, Levitt, Weegee ; Atget, Avedon, Cartier-Bresson, Robert Frank) jusqu’à la photographie et à l’art les plus contemporains qu’elle a rapidement intégrés (de William Eggleston, Andy Warhol, Larry Clark ou Basquiat, à Nan Goldin, Cameron Jamie, Richard Billingham ou Martin Parr).

Le livre inclut des contributions originales de personnalités telles que Kenneth Anger, Jonas Mekas, Edouard Glissant, Harmony Korine et Hans Ulrich Obrist.