LIVRES

Claudio Parmiggiani

Intervention de Parmiggiani dans le musée Fabre (Montpellier), après restructuration. Une sculpture d’ombre qui, par l’empreinte des livres et des objets, suggère une bibliothèque et imprègne l’espace. Un livre qui permet aussi un retour sur l’œuvre dans son entier, par un essai et un entretien avec l’artiste.

— Éditeur : Actes Sud, Arles
— Année : 2003
— Format : 24,50 x 32,50 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 140
— Langues : français, italien
— ISBN : 2-7427-3694-8
— Prix : 39 €

Présentation
par Claudio Parmiggiani (p. 28)

Je crois qu’une œuvre ne peut se dire avec les mots. La parole appartient à une langue, l’image à un autre alphabet, et la langue de l’image réside dans l’émotion, première impulsion qui enfante l’art. Tout auteur manque de cette distance minimum envers lui-même, de cette mesure et de cette perspective sans lesquelles il est fort difficile de se décrire.

Au sujet de cette œuvre, je peux seulement parler de sa forme évidente, d’un désir, d’une intime aspiration, en ayant conscience qu’une œuvre n’est jamais un geste de bonne éducation, ni rassurant, ni optimiste, ni décoratif, mais radical, dur, un acte subversif. C’est une œuvre qui désire le secret, le silence, et se voiler de mystère. « Mystère », je le sais, est un mot difficile à prononcer, presque hérétique, mais il s’agit d’une force, d’une présence enracinée dans l’essence même de l’être. Secrète, car c’est dans l’obscurité qu’il faut conduire le regard de celui qui observe. Silencieuse, car le silence est aujourd’hui une parole subversive puisqu’il est un espace méditatif. Traces, poussière du temps, les signes les plus authentiques du passage, de la secrète et émouvante vie des choses. Sculpture de poussière, sculpture d’ombre, sculptée par le feu et par le temps ; qui naisse de ses cendres. Feu, qui est tragédie, et lumière dans le regard. Éternité de l’éphémère. Une œuvre qui aspire à l’immatériel, qui marque en utopie le dernier, extrême refuge de la pensée.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Actes Sud)