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Chronologie de l’art du XXe siècle

Une vision synthétique et claire de la création artistiques du XXe siècle. Des repères essentiels pour comprendre l’évolution des différents domaines artistiques. Le contexte politique, sociale et culturel est évoqué à travers la mention des événements historiques fondamentaux. Les mouvements sont décrits dans leur déroulement chronologique, et expliqués par une analyse en détail des œuvres les plus marquantes.

— Auteur : Michel Draguet
— Éditeur : Flammarion, Paris
— Année : 2006
— Collection : Tout l’art
— Format : 16 x 22 cm
— Illustration : Noir et blanc, couleur
— Pages : 366
— Langue : Français
— ISBN : 2-0801-1599-5
— Prix : 30 €

Présentation
(…) L’exercice de la chronologie détourne l’historien des intérêts partisans. La couleur de l’ensemble ne détermine pas le traitement des détails. Au contraire, le tableau se constitue touche par touche guidant parfois son auteur là où son regard ne s’était jamais porté. La chronologie n’échappe pas au travail des hypothèses. Mais celles-ci naissent de la formulation même des faits et non de partis-pris idéologiques, sociologiques ou culturels. C’est donc à un travail de rectification — au sens où l’entend un Paul RicÅ“ur — qu’invite la chronologie. Rectification d’une perspective qui conditionne le paysage à dépeindre; rectification qui opère à partir d’une «renaissance» des faits dans leurs relations réciproques; rectification qui renvoie nombre de partis pris à leur origine historique.

L’écriture des précis d’histoire de l’art moderne varie selon le point de vue adopté. Qu’il vienne d’outre-Atlantique ou de France, le regard se modifie lorsqu’il s’agit d’évoquer l’après-guerre. Si, pour certains, New York a «volé» l’idée de modernité à Paris, d’autres ont vu dans Cobra, dans le matiérisme ou dans le tachisme des phénomènes marginaux d’un mouvement dont l’épicentre se situait, désormais, hors d’Europe. Les premiers oubliaient que Paris n’a jamais réellement adhéré à l’abstraction; Munich, Amsterdam, Moscou ou Saint-Pétersbourg étant extérieurs au limes classique français. Les seconds, attachés à la grandeur incontestée des États-Unis, ont élaboré une pensée esthétique unique. Tous ont lu l’histoire en fonction d’un secret dessein, souvent inconscient tant il relevait de déterminismes qu’interdit l’exercice de la chronologie.

Une certaine difficulté est apparue alors que l’actualité se rapprochait à tel point que la sélection des événements devenait réellement problématique. Si, comme l’ont montré Lucien Febvre et Benedetto Croce, l’écriture du passé sert toujours des situations et des besoins d’aujourd’hui, cette dialectique pose problème lorsque l’objet et le sujet en viennent à se confondre. Ce sentiment, je l’ai éprouvé au tournant des années 80. Sans doute l’histoire personnelle interfère-t-elle dans l’aptitude de tout historien à avoir prise sur une durée à laquelle il s’identifie encore. Incapable de partir de l’actualité pour interroger le présent, il m’a semblé illusoire d’organiser un cadre factuel «définitif». N’ont été dès lors conservés que les faits généraux et les événements qui prolongeaient des dynamiques antérieures. J’ai délibérément écarté l’essentiel des faits constitutifs de ce qui serait la contemporanéité. Cette partie de la chronologie constitue donc par nature un chantier ouvert. Il m’a néanmoins semblé nécessaire de prendre position en établissant des cadres de lecture qui éclaireraient ce passé qui ne s’est pas totalement écoulé. Perspective sans recul, ce texte constitue moins une synthèse de ce qui se déroule sous nos yeux que la mise en évidence de logiques historiques qui ont pu influer sur le cours des événements. Ainsi, la chronologie renvoie-t-elle à l’essai.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Flammarion — Tous droits réservés)

L’auteur
Michel Draguet, directeur du musée des Beaux-Arts de Bruxelles, est l’auteur de nombreux ouvrages sur l’art moderne et contemporain, notamment, en 2003, Magritte (Hazan).